LausanneL'héroïne divise les dealers
Des clandestins d'Afrique du Nord disputent désormais le trafic aux dealers albanophones. Le point avec le chef de la brigade des stupéfiants.
- par
- Frédéric Nejad
Le chef de la brigade lausannoise des stupéfiants, Olivier Gouaux, constate la présence accrue de dealers du Maghreb.
L'adjudant Olivier Gouaux établit un double constat en ville: une hausse de la consommation et de la vente d'héroïne ainsi que l'occupation de ce marché criminel par des Maghrébins.
– A partir de quand les policiers ont-ils remarqué ces nouveaux trafiquants de rue?
– Le phénomène a débuté il y a environ deux ans, avant le début du Printemps arabe en Tunisie. Sur la place Chauderon, des Nord-Africains ont commencé à y vendre de la majijuana et du hashisch, aux côtés d'Africains de l'Ouest. Puis, fin 2011, on les a vus vendre des sachets de 5 grammes d'héroïne, comme les dealers albanophones. Et ça a pris de l'ampleur en 2012.
– Quels sont leurs réseaux et leurs méthodes?
– Ils s'approvisionnent souvent auprès de Kosovars ou d'Albanais à Genève, voire en Italie. Les Maghrébins recoupent ensuite cette héroïne, alors moins pure. Ils font souvent cela dans des appartements privés prêtés via des sous-locations.
– Et leur comportement?
– Ils n'hésitent pas à menacer et même à forcer des toxicomanes à leur acheter, voire à revendre de la drogue pour eux! Ou à contraindre des femmes à leur transporter la marchandise. Et ils sont parfois agressifs avec les hommes de la brigade des stup et de Police-Secours lors d'arrestations ou de contrôles.
– Peut-on craindre des violences entre clans rivaux?
– Il y a parfois des bagarres à la suite de rivalités mais entre Maghrébins et Africains. Ces individus ne vont pas cependant porter plainte...
– S'agit-il plutôt de Tunisiens, de Marocains ou d'Algériens?
– Nous ne connaissons pas leurs origines précises. Car pour ne pas être identifiables, et donc expulsables, ils prétendent souvent être Palestiniens ou Algériens (n.d.l.r.: il n'existe pas d'accord de réadmission avec l'Algérie), parfois Tunisiens.
– Où logent-ils?
– Certains, requérants, vivent dans des centres d'asile lausannois, vaudois, voire dans d'autres cantons. Et il y a ceux qui logent chez des toxicomanes. Nous avons d'ailleurs réalisé une grosse opération en début d'année chez un consommateur...