Contre l'immigration: L'initiative UDC séduit de plus en plus

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Contre l'immigrationL'initiative UDC séduit de plus en plus

L'initiative «Contre l'immigration de masse» de l'UDC gagne du terrain, selon le deuxième sondage SSR.

Un «oui» à l'initiative «contre l'immigration de masse» pourrait devenir réalité le 9 février, au vu de la forte progression du nombre de ses partisans.

L'adoption du projet de financement et d'aménagement du réseau ferroviaire (FAIF) se dessine, alors que le rejet de l'initiative contre l'avortement se confirme.

L'initiative de l'UDC, qui veut réintroduire le régime des contingents pour tous les migrants, génère une large mobilisation, qui profite au camp du «oui». Si la votation avait eu lieu la semaine passée, le texte aurait été refusé au ras des pâquerettes, par 50% des personnes, a annoncé mercredi un sondage commandé par la SSR et réalisé par l'institut de recherche GfS Bern.

Multiplication des partisans

C'est 5% de moins que lors du précédent sondage, publié le 10 janvier. Le camp du «oui» a lui gonflé, passant de 37 à 43%. Le nombre d'indécis a reculé d'un point, à 7%.

Il y a eu moins de changement pour les deux autres objets soumis au vote. Le FAIF serait toujours accepté par 56% des personnes, contre 28% de «non» ( 1% par rapport au premier sondage). Le nombre d'indécis reste toujours très élevé, à 16% (-1%).

Le sort de l'initiative «Financer l'avortement est une affaire privée» semble davantage fixé: 58% des personnes interrogées refusent que l'avortement ne soit plus remboursé par l'assurance de base, 36% ( 1%) soutiennent l'idée lancée par les milieux conservateurs et 6% n'ont pas d'avis. Toutes les régions linguistiques rejettent le texte, mais le «non» est le plus fort en Suisse romande (70%).

Exprimer son mécontentement

Selon les analystes de GfS Bern, l'évolution des intentions de vote est «atypique» concernant le texte sur l'immigration. «De nombreux électeurs veulent ainsi exprimer leur mécontentement», écrit l'institut dans un communiqué. Ainsi, les personnes sans affiliation partisane sont 49% à soutenir l'initiative contre 39%. Début janvier, c'était l'inverse.

L'institut de recherche se veut donc très prudent: «il n'est pas possible de prévoir les résultats du 9 février.» Tout dépendra, selon les chercheurs, de la mobilisation de chaque camp d'ici aux votations. Car les changements peuvent rapidement survenir.

Preuve en est avec le fossé entre régions urbaines et rurales, apparu en un peu moins d'un mois. Dans les premières, le rejet du texte de l'UDC domine par 58% contre 37%, alors que les secondes lui sont favorables à 51% contre 42%.

Clivages régionaux

Au clivage ville-campagne vient s'ajouter celui entre régions linguistiques. Les Tessinois soutiennent avec le plus d'enthousiasme l'initiative de l'UDC (54% de «oui» contre «34% de «non»), alors que les Suisses romands se montrent les plus réfractaires (54% de «non» contre 35% de «oui»). Les Suisses alémaniques se tâtent encore: 49% de «non» contre 46% de «oui». Dans toutes les régions, le camp du «non» recule au profit du «oui».

Les arguments des initiants semblent davantage convaincre, relève GfS Bern. Ainsi, 65% des personnes interrogées estiment que la Suisse doit contrôler elle-même l'immigration, même s'ils sont 60% à être conscients que le retour des contingents causerait beaucoup de bureaucratie et ferait monter les prix.

La menace de la rupture ne fonctionne plus

L'argument que l'immigration incontrôlée a nui à la qualité de vie en Suisse séduit largement aussi. Surtout, les sondés sont 54% à penser que la Suisse doit prendre le risque de résilier les accords bilatéraux avec l'Union européenne.

Le fonds de financement du réseau ferroviaire devrait avoir moins de soucis à se faire, selon l'institut de recherche. Malgré le nombre encore élevé d'indécis, «une adoption est problable». Toutefois, les votes de protestation contre les autorités, fortement mobilisés avec l'initiative sur l'immigration, pourraient compromettre le projet du gouvernement, redoutent les chercheurs.

Forte participation annoncée

Parmi les partis, seuls les supporters de l'UDC s'opposent au FAIF, par 52% contre 35%. Les électeurs les plus favorables sont les Verts (92% de «oui») et les socialistes (79%), suivis des partisans PDC (62%) et PLR (61%).

Les sondés ont été 47% à annoncer vouloir voter le 9 février, soit 6% de plus que par rapport au premier sondage. Le sondage a été réalisé entre le 20 et le 25 janvier auprès de 1420 citoyens provenant des trois principales régions linguistiques de Suisse. La marge d'erreur se situe entre /- 2,7%. (ats)

Résultat du sondage «pas très rassurant», selon un politologue

Le résultat du sondage de la SSR sur l'immigration ne sont «pas très rassurants», estime le politologue Andreas Ladner, de l'Institut des hautes études en administration publique (IDHEAP). Du côté d'economiesuisse, opposée à l'initiative, on n'entend pas redoubler d'efforts. Pour Andreas Ladner, le résultat est d'autant moins rassurant si l'on considère l'évolution atypique des opinions, avec une augmentation des partisans de l'initiative et l'effet de mobilisation, a-t-il expliqué à l'ats. La mobilisation qui semble avoir lieu actuellement ne déploie peut-être que partiellement ses effets sur le sondage. Elle jouera en faveur des partisans de l'initiative, mais il est difficile de prévoir quel sera en fin de compte son effet réel, estime M. Ladner. «Les adversaires de l'initiative ne doivent maintenant pas trop mettre la pression», prévient le politologue. «Sinon, ils donneront l'impression qu'il ne reste pas d'autre choix que de voter 'non'». Or les votants n'aiment pas qu'on leur mette le couteau sous la gorge, avertit-il.

Pas une surprise pour economiesuisse

Economiesuisse n'entend pas remettre la compresse. Le sentiment d'insécurité entretenu par les partisans a bien sûr ses répercussions, mais ce n'est pas une surprise, estime Rudolf Minsch, chef économiste de la Fédération des entreprises suisses. «Nous ne sommes nullement irrités et nous nous attendions à ce type d'évolution», a-t-il ajouté. Pour cette raison, economiesuisse ne modifiera pas son concept, car la faîtière est persuadée de la pertinence de ses arguments. Manifestement, une partie de l'opinion estime que les répercussions d'un «oui» à l'initiative de masse ne seront pas si importantes, poursuit M. Minsch. Il s'agit dès lors de convaincre les votants que la résiliation des accords bilatéraux aurait un impact négatif à long terme sur la Suisse.

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