Séisme en HaïtiL'insécurité, premier obstacle des sauveteurs
L'insécurité est le premier obstacle que les sauveteurs étrangers rencontrent dans les rues dévastées de Port-au-Prince.
Ils doivent faire face à des Haïtiens souvent désespérés plus de 48 heures après le séisme qui a détruit leur capitale.
Dominicains, Américains, Français ou Boliviens ont été les premiers secouristes étrangers à se lancer jeudi dans les ruines de la capitale haïtienne. Mais la violence endémique du pays leur a singulièrement compliqué la tâche.
Insécurité
«Le plus gros problème, c'est l'insécurité», observe Delfin Antonio Rodriguez, chef des opérations de la défense civile dominicaine. «Il y a des pillages et des gens armés, parce que c'est un pays très pauvre et qu'ils sont désespérés», explique-t-il. «Hier, on a voulu voler un de nos camions. Aujourd'hui, à cause de ça, il y a des endroits où nous avons à peine pu travailler».
Les principaux hôpitaux étant détruits ou endommagés, il faudrait pouvoir installer un grand hôpital de campagne pour pouvoir accueillir les blessés, explique M. Rodriguez. Mais dans le contexte actuel, c'est impossible: «Si nous l'installions de nuit, le matin il ne serait plus là», observe-t-il.
Bloquée
Les deux experts en catastrophes naturelles sont arrivés très vite à Port-au-Prince en provenance de la République Dominicaine, qui partage l'île d'Hispaniola avec Haïti. Mais une grande partie de l'aide internationale reste bloquée à l'aéroport.
«Les secours arrivent, mais après ils ne sont pas distribués, probablement à cause de l'insécurité», observe M. Rodriguez. «Nous nous mettons en danger, mais c'est parce que nous sommes du pays voisin».
Pas d'armes
Mais les consignes sont strictes: pas question d'être armés, ce qui oblige à quitter les lieux à la tombée de la nuit, même lorsque l'on est au beau milieu d'un sauvetage. «Comme nous ne pouvons pas transporter tout notre équipement et qu'à Port-au-Prince il n'y a rien, tout prend plus de temps», observe M. Cavallo.
L'équipe dominicaine travaille sous la protection de casques bleus boliviens. «Nous protégeons les missions étrangères et certaines maisons du pillage et empêchons de voler les morts», explique l'un d'entre eux. «Nous ne sommes pas armés. Mais des fois, ce serait préférable», dit-il, devant un groupe d'Haïtiens en colère qui exigent que les sauveteurs les accompagnent un peu plus loin.
Jeudi, les Dominicains ont dégagé 17 personnes coincées dans le parlement en ruines, ainsi que des dizaines de corps sans vie, dont ceux de 20 sénateurs qui étaient réunis mardi après-midi au moment du tremblement de terre.
Repérés
Quand les sauveteurs sont repérés sur un site, ils sont rapidement encerclés par des habitants qui leur amènent des blessés. D'autres leur expliquent qu'ils entendent des cris sous les décombres de ce qui était une école du quartier.
«Nous essayerons d'y aller demain, mais maintenant c'est dangereux», répond un pompier dominicain. «On pourra y être à 6h00. En attendant, hydratez-les, donnez-leur à boire», conseille-t-il.
A proximité, un groupe de pompiers californiens tente de dégager deux femmes, dont l'une a cessé de répondre aux sauveteurs depuis plusieurs heures. «Si vous connaissez des endroits où l'on entend les cris de gens enterrés, dites-le nous», demande l'un d'entre eux.
(ats)