Racisme«L'intégration, ça doit être réciproque»
Arrivé en Suisse dans les années 70, Marcel Kolongo a été confronté au racisme. Aujourd'hui, il est conseiller communal à Saint-Gall. Il se souvient.
- par
- Didier Bender
«La Suisse des années 70, c'était difficile», se rappelle Marcel Kolongo. Arrivé à Neuchâtel de République démocratique du Congo, il suit une formation dans l'informatique et dans la gestion d'entreprise. Il travaille quatre ans à La Chaux-de-Fonds avant de partir s'établir à Saint-Gall. En marge de la conférence mondiale sur le racisme qui se tient depuis lundi à Genève, Marcel Kolongo porte son regard sur le racisme en Suisse.
- 20 minutes online: Que pensez-vous du racisme en Suisse?
Marcel Kolongo: Les gens disent que les Romands sont tolérants, par rapport aux Suisses alémaniques. Je dirais plutôt que c'est le contraire. Je n'ai jamais vraiment eu d'amis en Suisse romande. Personne ne m'a invité chez lui. Et quand j'invitais des gens chez moi, ils avaient toujours une excuse. En Suisse alémanique, par contre, une fois qu'on est accepté, on est accepté.
- Comment avez-vous vécu avec le racisme lors de vos premières années en Suisse?
J'étais marié avec une Suissesse. C'était rare à l'époque de voir un couple mixte. Parfois, on recevait des lettres anonymes. Aujourd'hui, il y a davantage de tolérance. C'est aussi parce qu'il y a une loi antiraciste. Les gens peuvent encourir des amendes jusqu'à 500 francs.
- Aujourd'hui, le racisme a-t-il disparu?
- Non, le racisme est toujours là. Dans un petit pays comme la Suisse, à chaque boom économique, on oublie qu'il y a des étrangers. Par contre, quand il y a la crise comme maintenant, dans la classe moyenne suisse, les gens pensent souvent que les étrangers en sont responsables, qu'ils leur prennent leurs places de travail.
- Au quotidien, comment se manifeste le racisme?
- On le ressent. Quand j'ai été élu au conseil communal de St-Gall, lors de mon premier jour au parlement, j'ai voulu parler du droit de vote aux étrangers. Une grande partie de mes collègues a quitté la salle.
- Quel message souhaitez-vous faire passer?
- Ce ne sont pas seulement les étrangers qui doivent s'intégrer. Les Suisses doivent aussi faire un effort. C'est comme si je veux venir vous rendre visite et que vous fermez votre porte, ça ne marche pas. L'intégration, ça doit être réciproque. Les étrangers profitent de la stabilité suisse, mais la Suisse profite aussi de ces 1,3 millions d'étrangers présents dans le pays. Tous les deux profitent de cette situation.