Genève: L'Union des villes provoque le divorce des communes

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GenèveL'Union des villes provoque le divorce des communes

La nouvelle entité, née samedi et marquée à gauche, veut faire du lobbying et renforcer la collaboration entre les grandes localités genevoises. Ce qui agace beaucoup les autres.

par
David Ramseyer
Des transports de qualité constituent un des thèmes centraux de l'Union des villes genevoises.

Des transports de qualité constituent un des thèmes centraux de l'Union des villes genevoises.

«C'est une vraie désunion, un coup violent dans le dos.» Catherine Kuffer, présidente de l'Association des communes genevoises (ACG), craint désormais un double discours des municipalités. Le ménage des communes bat visiblement de l'aile... Samedi, les six plus grandes villes du bout du lac (Genève, Vernier, Lancy, Meyrin, Carouge et Onex) - 67% de la population du canton et toutes à gauche - ont signé l'acte de naissance de l'Union des villes genevoises (UVG). Elles entendent ainsi échanger, se soutenir mutuellement, mais aussi faire du lobbying.

«Union illégitime»

Le nouveau-né n'attendrit pas vraiment les cousins qui se penchent sur son berceau. Invitée avec 14 autres communes (ndlr: en plus des six signataires, il y avait Versoix, Le Grand-Saconnex, Chêne-Bougeries, Veyrier, Plan-les-Ouates, Bernex, Chêne-Bourg et Confignon, toutes à majorité de droite) à prendre part à l'association, Thônex a décliné l'invitation. «L'Union n'a pas de légitimité, tempête son maire PLR, Pascal Uehlinger. C'est de l'hypocrisie... elle veut discuter de grands projets? Puplinge, petite commune mais avec la prison de Champ-Dollon sur son territoire, n'a pas été conviée, par exemple.» Sa collègue de Chêne-Bourg Beatriz de Candolle juge l'initiative intéressante, mais «artificielle», et estime que le moment a été mal choisi alors que canton et municipalités discutent de leur future répartition des tâches.

«Etre un acteur important»

Mais avec des problématiques communes, spécifiques aux grandes agglomérations, l'Union estime que l'ACG, qui «surréagirait» à la création de la nouvelle entité, n'offre plus un cadre suffisant. «Cette dernière ne peut pas tout faire! Nous serons complémentaires», professe la maire PS d'Onex, Carole-Anne Kast. Aménagement de nouveaux quartiers, fiscalité et politique sociale devraient principalement guider les travaux des six membres de l'association. «Nous voulons être un acteur important vis-à-vis du Conseil d'Etat, des députés et de l'opinion publique», avoue le maire socialiste de Genève, Sami Kanaan. Sa camarade de parti à Meyrin, Monique Boget, confirme: «Cela va nous donner du poids.» «Il s'agit de trouver des appuis politiques pour les projets dont ont besoin les villes», précise le Vert François Baertschi, conseiller administratif de Lancy. Quant au maire écologiste de Vernier, Yvan Rochat, il promet que les villes ne réduiront pas leur implication au sein de l'ACG. Laquelle reste, et restera, l'interlocuteur officiel du gouvernement cantonal.

Enfin, l'Union des villes suisse, qui a servi de modèle à l'UVG, espère «collaborer avec cette association. Elle nous permettra d'avoir des contacts ciblés avec ces municipalités». Sa présidente, Renate Amstutz, n'oublie cependant pas l'Association des communes genevoises: «C'est très important pour nous de continuer à travailler avec elle!»

Le modèle helvétique

Créée en 1897, l'Union des villes suisses avait deux objectifs, toujours d'actualité: permettre à ses membres de partager leurs expériences et défendre leurs intérêts à Berne. En 2000, la constitution a ainsi obligé la Confédération à tenir compte de l'avis de l'association, régulièrement auditionnée par les commissions fédérales. Le lobbying est intense à Berne, selon l'Union qui regroupe 129 villes, dont la totalité des capitales romandes et l'ensemble des signataires de l'Union des villes genevoises.

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