Voile islamique: La Belgique vers une interdiction du voile intégral

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Voile islamiqueLa Belgique vers une interdiction du voile intégral

Les députés belges ont ouvert la voie mercredi à une interdiction totale du port du voile islamique intégral, y compris dans la rue, qui ferait de ce pays le premier en Europe à franchir un tel pas au moment où la question agite la France notamment.

Les élus ont voté à l'unanimité des groupes politiques une proposition de loi en ce sens.

Il ne s'agit à ce stade que d'un vote en commission, celle de l'Intérieur. Si ce vote est confirmé en séance plénière, la Belgique deviendrait le premier pays européen à bannir intégralement le port de la burqa. Un tel vote en plénière pourrait intervenir dès le 22 avril, selon des sources parlementaires, permettant alors au texte d'entrer en vigueur d'ici l'été.

«C'est un signal très fort envoyé aux islamistes», a commenté le député libéral francophone Denis Ducarme, en disant sa «fierté» que la Belgique montre l'exemple. Selon la proposition de loi, les personnes qui «se présenteront dans l'espace public le visage masqué ou dissimulé, en tout ou en partie, par un vêtement de manière telle qu'ils ne soient plus identifiables» seront punis d'une amende et/ou d'une peine de prison de un à sept jours.

Par «espace public», le texte stipule que cela inclut «la voie publique», mais aussi les chemins, jardins publics, terrains de sports ou «bâtiments destinés à l'usage du public où des services peuvent lui être rendus».

La proposition a reçu notamment le soutien des cinq partis de la majorité membres de la coalition fédérale au pouvoir, ainsi que de l'opposition d'extrême-droite et des écologistes.

Les députés ont motivé leur décision par deux arguments principaux: la question de la sécurité --il faut que chacun soit identifiable en tous lieux-- et celle de la «dignité de la femme» et du respect des «principes démocratiques fondamentaux», a souligné le chef de groupe du Mouvement Réformateur (libéral), Daniel Bacquelaine.

«Comme le lancé de nains, même s'il se fait sur une base volontaire, la burqa est contraire à la dignité de la femme, c'est une prison ambulante», a ajouté le député.

Un député du parti d'extême droite flamand Vlaams Belang s'est réjoui de l'adoption de ce texte. «Il est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de burqa (le vêtement traditionnel afghan cachant entièrement le visage) en Belgique, mais le niqab (voile laissant apparaître les yeux) commence à apparaître dans les rues», a-t-il commenté.

Si l'interdiction du port de la burqa ou du niqab fait l'objet d'un large consensus, le débat sur le port de signes religieux suscite beaucoup plus de divisions en Belgique, avec plusieurs décisions de justice allant parfois dans des directions contradictoires au sujet de l'école. Côté francophone, une majorité de partis s'est prononcée pour un renforcement de l'interdiction du voile à l'école après qu'une enseignante de mathématique musulmane de Charleroi (sud) a été autorisée par un tribunal à faire cours voilée, faute d'interdiction explicite dans la législation.

La ville de Charleroi, dont dépend l'école, a modifié en début de semaine son règlement municipal afin d'interdire cette enseignante à reprendre ses cours avec son foulard.

En Flandre (nord), le Conseil d'Etat belge a suspendu à la mi-mars l'interdiction du port de signes religieux dans les écoles publiques, le temps pour la Justice de décider si cette mesure, qui vise en particulier le voile islamique, est conforme à la constitution belge.

Globalement, le monde politique se dirige vers une interdiction du voile pour les enseignantes ou pour les fonctionnaires mais reste plus divisé en ce qui concerne les élèves. (afp)

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