Politique monétaireLa BNS maintient sa politique expansionniste
Comme prévu, la Banque nationale suisse (BNS) maintient sa politique monétaire expansionniste.
La Banque nationale suisse (BNS) conserve le cap expansionniste de sa politique monétaire, la reprise économique demeurant encore trop fragile. Elle souhaite voir renforcées à l'avenir ses compétences pour remplir son mandat de maintien de la stabilité financière.
L'institut d'émission garde inchangée, comme attendu, la marge de fluctuation du Libor à trois mois dans une fourchette comprise entre 0% et 0,75%, avec un taux cible fixé à 0,25%. Mais la décision ne reflète nullement une situation dénuée d'inquiétudes, selon le message délivré jeudi à Zurich par la direction générale.
«La politique monétaire déploie son action dans un contexte de grandes incertitudes», a noté Philipp Hildebrand, président de la BNS. A commencer par les tensions récurrentes dans la zone euro, générant pas plus tard que mercredi une valorisation record du franc face à la monnaie unique, qui a chuté sous la barre de 1,28 franc.
Exportations pénalisées
Ces tensions pourraient peser sur l'évolution économique dans la zone euro, notamment en Allemagne, et par conséquent pénaliser les exportateurs helvétiques. Philipp Hildebrand n'a évidemment pas dit que la BNS interviendrait pour contrer l'appréciation du franc, se limitant à rappeler qu'elle veillait au grain.
Le caractère durable du phénomène sera évalué ces prochains mois. De plus, le marché indigène sera scruté pour examiner l'impact de la politique expansionniste, avec une marge de fluctuation identique depuis mars 2009, pour savoir quand il faudra appuyer sur le frein, eu égard notamment au risque de bulle sur le marché immobilier.
Constatant tout de même que l'économie mondiale poursuivait son mouvement de reprise, la BNS a confirmé sa prévision de croissance économique en Suisse de 2,5% pour cette année, se basant sur un troisième trimestre «robuste». En 2011, elle table en revanche sur une progression du produit intérieur brut (PIB) ralentie à 1,5%.
Compétences accrues
En matière d'inflation, l'institut d'émission a revu ses attentes pour l'an prochain ( 0,1 point à 0,4%), en raison de la hausse des prix du pétrole. En 2010, le taux atteindra comme annoncé en septembre 0,7%, mais seulement 1% en 2012 (au lieu de 1,2%) du fait de perspectives conjoncturelles moins favorables en Europe.
Au-delà de la bonne marche de l'économie suisse, la BNS est revenue sur les conséquences de la crise financière des années 2007 et 2008. Par la voix de son vice-président Thomas Jordan, elle a réclamé des compétences accrues afin de pouvoir remplir au mieux son mandat préventif en matière de stabilité financière.
Ce rôle «macroprudentiel» accru ne remet pas en cause sa mission suprême: le maintien de la stabilité des prix. En résumé, la banque centrale veut combler les «lacunes considérables» qui existent encore malgré les normes de Bâle III et la réglementation prévue pour les banques dites «too big to fail» (trop grandes pour faire faillite).
Eviter les doublons
Thomas Jordan a dressé une liste de trois domaines, sans pour autant empiéter sur les prérogatives de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA). Il entend d'abord améliorer l'accès aux informations quantitatives sur les risques encourus par les banques, mais de façon «non standardisée».
Deuxièmement, la BNS aimerait pouvoir participer à l'élaboration des réglementations relatives à la stabilité financière. Aux yeux de Thomas Jordan, elle doit être impliquée dès la phase de conception dans les procédures de réglementation, afin que son mandat soit intégré de «manière appropriée».
La banque centrale souhaite enfin disposer «directement de compétences de décision au niveau macroprudentiel». Ici, il s'agirait de pouvoir décider quant aux réglementations en lien avec la politique monétaire ou à l'aide extraordinaire sous forme de liquidités.
Au final, Thomas Jordan a insisté sur le fait que la BNS ne voulait pas concurrencer la FINMA, mais simplement se placer dans une perspective «macroéconomique et systémique» et «éviter les doublons». Des discussions ont en outre déjà eu lieu entre les deux organismes. Le processus prendra encore du temps. (ats)