Massacre à OrlandoLa communauté LGBT entre choc et colère
La communauté Lesbienne, gay, bi et trans, «abasourdie» après l'attaque de dimanche contre une boîte gay aux États-Unis, a exprimé sa «tristesse» et sa «colère», notamment en France.
«Nous exprimons notre tristesse et notre colère, ainsi que notre soutien aux victimes et familles de victimes», a déclaré à l'AFP Amandine Miguel, porte-parole de L'Interassociative lesbienne, gay, bi et transsexuelle (Inter-LGBT) française, qui réunit 60 associations.
Dimanche, Omar Seddique Mateen, âgé de 29 ans et connu du FBI pour sa radicalisation, a tué au moins 50 personnes dans une boîte de nuit gay d'Orlando en Floride, devenant l'auteur de la pire tuerie de masse de l'histoire des États-Unis. «C'est la première fois que nous sommes attaqués en tant que communauté, de cette manière», a commenté Mme Miguel, estimant qu'il est toutefois «encore trop tôt» pour affirmer que le communauté homosexuelle est une des «cibles» des terroristes.
«Nous sommes toutes et tous abasourdi-e-s par la brutalité et l'ampleur de cette attaque envers des personnes LGBT», a pour sa part déclaré SOS Homophobie, exprimant sa «solidarité» dans un communiqué envoyé lundi.
Solidarité internationale
Même volonté de relever la tête à Londres, Hong Kong ou encore Bangkok et Séoul, où des rassemblements étaient prévus dans la journée en hommage aux victimes de la pire fusillade de l'histoire des Etats-Unis.
Par solidarité envers la communauté homosexuelle, le pont du port de Sydney s'est aussi paré des couleurs de l'arc-en-ciel, tandis que la mairie de la ville se teintait en rose vif. Des centaines de personnes s'y sont rassemblées à la bougie pour demander notamment la fin des discriminations.
Spontanément, de petits rassemblements ont déjà eu lieu dimanche soir à Madrid, Guadalajara au Mexique et évidemment à Orlando, où environ 300 personnes ont prié et chanté en mémoire des victimes.
Lundi, un tapis de fleurs a poussé près de la porte de Brandebourg à Berlin et de nombreux drapeaux étaient en berne à Washington.
Vidéo: les réactions aux USA après le massacre d'OrlandoLe soir de l'attaque, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées à Paris, en silence, devant un drapeau arc-en-ciel. «On avait besoin de se retrouver après ce choc émotionnel», expliquait sur place Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l'Inter-LGBT.
La fusillade, revendiquée lundi par l'organisation État islamique, a eu lieu pendant le «Mois des Fiertés» à Orlando.
La France plus que jamais en alerte
«On ne peut que redouter ce type d'actes en France», a estimé Amandine Miguel. La Marche des fiertés de Paris est prévue le 2 juillet. Traditionnellement organisée le dernier samedi du mois de juin, elle a été reportée en raison de l'état d'urgence et de l'Euro-2016.
«L'annuler aurait été reconnaître la victoire à ceux qui tentent de nous faire peur», dit Mme Miguel.
«L'inter-LGBT continuera inlassablement son combat contre la haine et pour les droits et la place des personnes LGBT dans la société», a souligné l'association.
«L'égalité entre toutes et tous est le seul remède à la haine et à la violence. Nos amours seront toujours plus forts que leur haine».
Beaucoup d'internautes reprochent aux médias de ne pas souligner suffisamment le pendant homophobe de cette attaque. (nxp/afp)
Attaques meurtrières contre des homosexuels
Les homosexuels sont fréquemment victimes d'attaques meurtrières à travers le monde, mais les tueries de masse sont rares et aucune n'a atteint l'ampleur de la fusillade à Orlando:
Un juif ultra-orthodoxe, Yishaï Shlissel, se rue sur le défilé d'une Gay Pride, blessant six personnes à coups de couteau, dont Shira Banki, 16 ans. La jeune fille succombe peu après à ses blessures. L'assaillant avait déjà blessé trois personnes à la Gay pride de Jérusalem en 2005 et avait purgé dix ans de prison pour cette attaque.
Un jeune homme et une adolescente sont tués par un inconnu au visage masqué qui ouvre le feu à l'arme automatique sur un groupe de jeunes à l'intérieur d'un centre d'aide psychologique pour homosexuels, situé en plein centre-ville. Une douzaine de personnes sont également blessées, dont trois grièvement.
Ronald Gay, 53 ans, se rend dans un bar homosexuel de Roanoke, en Virginie, et abat un homme. Six autres personnes sont blessées. Après son arrestation, le tueur déclare à la police avoir voulu «se débarrasser des +pédés+», expliquant qu'il supporte mal les commentaires sur son nom de famille.
Une bombe explose à l'«Admiral Duncan», un pub de Soho fréquenté par la communauté homosexuelle de Londres. L'attentat, troisième d'une série d'attaques racistes et homophobes, fait trois morts, dont une jeune femme enceinte, et 65 blessés. Les semaines précédentes, deux bombes avaient explosé sur un marché de Brixton, et dans le quartier de Brick Lane, faisant au total 52 blessés. L'auteur des attaques, David Copeland, un technicien de 23 ans décrit comme un néo-nazi lors de son procès, dit avoir voulu déclencher une «guerre des races» au Royaume-Uni.
Ronald Crumpley ouvre le feu devant deux bars gay de Greenwich Village, tuant deux personnes et en blessant six autres. L'homme, jugé irresponsable et interné à l'issue de son procès, affirme croire que les homosexuels sont des agents du diable qui tentent de «voler son âme en le regardant».
Un incendie criminel ravage en moins de 20 minutes l'Upstairs Lounge, un bar gay situé dans le Vieux Carré de la ville, provoquant la mort de 32 personnes, en grande majorité des hommes homosexuels, et en blessant une quinzaine d'autres.