Genève: La Cour des comptes fait son bilan, le SPAd inquiète

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GenèveLa Cour des comptes fait son bilan, le SPAd inquiète

Notes de frais des magistrats de la Ville, disparition prônée des polices municipales: l'année 2018-2019 de l'organe de surveillance a été marquée par plusieurs rapports percutants.

François Paychère, président de la Cour des comptes

François Paychère, président de la Cour des comptes

Keystone/Martial Trezzini

A Genève, la Cour des comptes secoue souvent la République par ses rapports cinglants. A l'occasion de présenter vendredi le bilan d'activité 2018-2019 de cet organe de surveillance, son président François Paychère a rappelé son statut apolitique.

«Nous ne faisons pas de politique, car nous n'intervenons pas dans le débat. Mais nous devons assumer d'avoir un impact sur la vie publique», a indiqué M.Paychère. «Cet impact est le fruit d'un travail collectif. Il n'y a pas d'approche partisane des problèmes», a-t-il souligné. «Personne ne souhaite une Cour des comptes muette», a relevé M.Paychère.

Les six magistrats de la Cour des comptes sont élus par le peuple. Depuis sa création en 2007, la Cour des comptes assure un contrôle de l'administration cantonale, des communes, des institutions de droit public et des organismes privés subventionnés. Elle évalue aussi des politiques publiques. Depuis deux ans, elle révise également les comptes de l'Etat.

Des rapports percutants

L'activité de la Cour des comptes du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 a été marquée par la publication du rapport sur les frais professionnels des membres du Conseil administratif de la Ville de Genève. Parmi les conséquences des révélations de la Cour: l'arrêt annoncé de la carrière politique du magistrat Guillaume Barazzone.

Le rapport sur les polices municipales a aussi fait couler beaucoup d'encre. La Cour des comptes recommandait la suppression de ces corps sous autorité communale au bénéfice d'une seule police cantonale qui assumerait les tâches de police de proximité. Cette idée était partagée par le magistrat de tutelle.

Pas monomaniaque

Au final, l'activité 2018-2019 était intense. La Cour des comptes a traité 82 objets et reçu 145 sollicitations, dont dix d'autorités. Depuis sa création, l'institution a identifié des économies dont la valeur cumulée s'élève à plus de 449 millions de francs.

«Mais nous ne sommes pas des monomaniaques des économies», a souligné M.Paychère. Quand un service ne fonctionne pas faute d'effectif suffisant, comme le service de protection des adultes (SPAd), la Cour des comptes le dit aussi. (20 minutes/ats)

Situation détériorée à la Protection des adultes

Plusieurs dossiers, qui ont fait l'objet d'un rapport, sont considérés comme encore préoccupants par la Cour des comptes. Elle a constaté que seules trois des six recommandations qu'elle avait faites au sujet de la protection des mineurs avaient été réalisées fin juin 2019. Aucun renforcement des mesures prônées pour favoriser le retour des mineurs dans leur famille et soulager les organismes d'accueil surchargés n'a été constatée. Au Service de protection des adultes (SPAd), «la situation s'est détériorée», souligne la Cour, depuis la publication de son rapport en janvier. Quatorze démissions, dont celle de la directrice et de l'ensemble des chefs de secteur, un taux d'absentéisme de près de 20% et une charge de travail qui ne cesse d'augmenter: pour la Cour, les actions engagées, dont un crédit pour une hausse de postes et le recrutement d'un directeur ad interim, «ne seront pas suffisantes pour que le service puisse assurer de façon convenable la prestation attendue dans les mois à venir». Enfin, la Cour des comptes indique qu'elle ne manquera pas de suivre la concrétisation des actions prévues par le Département de la solidarité dans le cadre du plan stratégique cantonal en matière de handicap, notamment concernant l'hébergement des personnes en situation de handicap psychique.

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