Entreprise centenaire: La crise n'affecte pas les Salines du Rhin

La crise économique n'affecte pratiquement pas leurs affaires. Le contrôle de la production et du commerce du sel par les cantons n'est plus remis en question.

Contrairement aux grands producteurs européens de sel, les Salines suisses du Rhin ne ressentent pratiquement pas la récession, a indiqué à l'ATS leur directeur Jürg Lieberherr. L'entreprise suisse, qui fournit tous les cantons sauf Vaud, produit en effet moins de sel pour l'industrie que les sociétés européennes.

Près de 28% du sel produit sur les bords du Rhin est écoulé dans l'industrie. La plus grande partie est utilisée comme sel pour dégeler les routes, soit 41,4%. Enfin, 10,9% est vendu comme sel de cuisine.

M. Lieberherr juge la situation de la société détenue par 25 cantons et le Liechtenstein stable. Le monopole des cantons sur le commerce du sel ne devrait pas non plus disparaître. «Si celui-ci n'existait pas, nous ne l'inventerions pas, mais il n'est pas dénué de sens», déclare le directeur.

Souvent critiqué par les partis bourgeois et les communes, qui se plaignaient du prix élevé du sel pour routes et du fait qu'il est interdit de s'approvisionner à l'étranger en cas de pénurie, le monopole n'a pas vacillé jusqu'ici.

Les cantons ont d'ailleurs fait un geste en faveur des communes. Ils ont réduit les taxes qu'ils prélèvent sur le commerce du sel. Ainsi, les prix du sel pour routes ont baissé jusqu'à un tiers.

Dès 2015, les Salines devront de toute façon mener un débat sur leur avenir, ajoute M. Lieberherr. En effet, les concessions d'exploitation sur les deux sites de l'entreprise à Pratteln- Schweizerhalle (BL) et Ryburg (AG) arriveront à terme en 2025.

»Il faudra se demander si, comment et où nous continuerons». Selon le directeur, la production pourrait continuer sur les sites actuels, très bien situés et où les réserves de sel suffisent encore pour des siècles. Extrait de couches qui se trouvent à 400 mètres de profondeur, le sel y est presque pur.

Selon M. Lieberherr, les transports devraient devenir encore plus chers à l'avenir, ce qui plaide plutôt contre l'importation et pour une production indigène. «Nos prix sont d'ailleurs concurrentiels par rapport à l'étranger».

Les Salines se sont toutefois préparées à une éventuelle ouverture du marché. Elles se sont liées aux Südwestdeutsche Salzwerke AG de l'Allemagne voisine, avec lesquelles elles détiennent trois sociétés soeurs.

Les Salines suisses du Rhin ont été fondées le 14 juillet 1909. Six cantons achètent alors les trois salines existant au bord du Rhin. En 1973, les autres cantons devinrent co-propriétaires en signant le concordat intercantonal sur le commerce du sel.

On exploitait le sel dans la région depuis 1837. Une année auparavant, l'Allemand Carl Christian Friedrich Glenck avait trouvé des couches de sel dans le sol de Pratteln après avoir cherché dans divers endroits en Suisse.

Jusque-là, la Suisse était dépendante de l'étranger pour s'approvisionner en sel. Elle importait le sel à un prix élevé. Une seule saline existait déjà en Suisse à Bex (VD), mais elle n'était pas encore exploitée industriellement. Celle-ci assure aujourd'hui l'approvisionnement du canton de Vaud.

Cette saline est beaucoup plus petite. Elle produit 35 000 tonnes de sel par an pour un chiffre d'affaires de 9 millions de francs. Les Salines du Rhin, qui souhaiteraient voir Bex passer dans leur giron, produisent elles entre 400 000 et 500 000 tonnes par an et font un chiffre d'affaires de 60 à 70 millions de francs. (ats)