Patrick Poivre d'Arvor«La critique, je m'assois dessus!»
Depuis longtemps, l'ancien présentateur du Journal de 20 Heures sur TF1, fan de cinéma, souhaitait réaliser un film. C'est chose faite avec la mise en images, pour France 3, d'un roman méconnu de Pierre Loti: «Mon frère Yves». Un entretien exclusif.
- par
- Serge Bressan ,
- Paris

PPDA très heureux lors du tournage.
Vous n'allez quand même pas nous faire croire qu'aimer le cinéma, c'est suffisant pour réaliser un film !
Non, non! simplement, je suis venu à la mise en scène il y a deux ans avec l'opéra «Carmen». J'ai découvert, alors, que le metteur en scène, le réalisateur est le chef d'une bande dans laquelle chacun a ses soucis. Et à TF1 pendant vingt ans, j'ai vu comment on pouvait manager les hommes. Alors, quand on m'a proposé la réalisation de «Mon frère Yves», j'ai su que c'était le bon moment. Que j'étais prêt pour cette nouvelle histoire.
Lors du premier jour de tournage, vous aviez peur?
Là encore, non! Je n'avais pas peur, j'étais juste très concentré. Pour «Mon frère Yves», j'avoue que j'étais dans mon élément, la Bretagne. On a tourné à Saint-Malo et à Dinan, je me sentais dans ma bulle. Et ça s'est très bien passé avec les acteurs, Thierry Frémont, Jérôme Kircher, les techniciens… Alors, je me suis laissé guider.
Pourquoi avoir adapté un roman de Pierre Loti ?
C'est un écrivain aujourd'hui méconnu. Il a écrit deux livres sur la Bretagne, le très fameux «Pêcheur d'Islande» (dont ont tirées deux films ciné et deux pour la télé) et puis, «Mon frère Yves». Le récit d'une amitié fraternelle ambiguë et passionnée entre un officier de marine et un matelot, son frère de substitution. Deux hommes que tout oppose.
Ce qui, hormis la Bretagne, vous a séduit dans ce texte ?
C'est une fable. C'est universel. L'histoire d'une rédemption. Et cette interrogation: comment un jeune homme va-t-il pouvoir s'en sortir? D'abord, par l'amitié; ensuite, par l'éducation. Et au final, il est serein, apaisé, il va avoir une belle vie.
Vous vous doutez bien que la critique vous attend avec cette première réalisation!
Mais ça fait quarante ans que ça dure! Et aujourd'hui, la critique, je m'assois dessus! La critique, je l'accepte quand elle est compétente et constructive mais parmi ceux qui vont m'attaquer, combien ont lu le livre de Pierre Loti? Comme tous les touche-à-tout, je gêne. Cocteau avait le même problème! Je dois aussi reconnaître que pour ma mise en scène de «Carmen», j'étais passé entre les gouttes - mais c'était difficile de m'attaquer parce que j'étais sacrément bien entouré!
Vos projets?
Continuer à écrire - ce que je fais depuis l'adolescence. Produire des fictions pour la télé - on a fini l'adaptation de «La Chartreuse de Parme» de Stendhal, avec François Berléand, Marie-Josée Croze, Hippolyte Girardot… Réaliser des séries pour la télé - comme «Maisons d'écrivains» que diffuse cet été France5. Et recommencer l'expérience du tournage d'un film.
L'info à la télé, pour Patrick Poivre d'Arvor, c'est fini, fini?
En mai dernier, il y avait une place à prendre sur TF1. Mais je n'étais pas candidat! D'ailleurs, depuis quatre ans, je ne regarde plus le Journal de 20 Heures à la télé! Quand j'ai arrêté le 20 Heures, je me suis rendu compte qu'on y fait presque commerce de la douleur permanente. Oui, depuis l'été 2008, je ne regarde plus la grand'messe!
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«» France3, mardi 17 juillet, 20h40
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L'histoire
Une amitié fraternelle et ambiguë au milieu du 19ème siècle, voilà le cur de «Mon frère Yves», roman méconnu de Pierre Loti (1850- 1923) et adapté pour la télé par Patrick Poivre dArvor. Dun côté, donc, un officier de marine et écrivain reconnu : Julien Viaud (interprété par Jérôme Kircher); de lautre, le matelot Yves Kermadec (joué par limpeccable Thierry Frémont). Deux hommes que tout oppose, lofficier raffiné et pétri de culture, le matelot frustre et primaire sachant à peine lire, résistant mal à lalcool. Julien a juré à la mère dYves quil veillera sur lui comme pour son frère- il va tout faire pour que le matelot se construise en homme Pour sa première réalisation, avec «Mon frère Yves», PPDA signe un film télé très honorable.