Sommet Biden-PoutineLa délicate mission de Guy Parmelin
Plusieurs voix parlementaires se font entendre pour demander que le président de la Confédération aborde aussi des sujets sensibles avec Joe Biden et Vladimir Poutine, dont la neutralité, les relations commerciales avec la Chine ou le problème du traitement des opposants en Russie.

La mission de Guy Parmelin à Genève s’annonce délicate.
Guy Parmelin sera-t-il à la hauteur de sa rencontre avec Joe Biden et Vladimir Poutine la semaine prochaine? C’est la question posée dans la «SonntagsZeitung» du jour. Certes, son anglais semble s’être amélioré depuis ses débuts, et le rôle de l’hôte devrait convenir au Vaudois, puisqu’il est sociable sous ses airs impassibles, et rarement à court de plaisanteries.
Mais est-ce suffisant face aux deux hommes qui figurent parmi les plus puissants du monde? Car, même si son intervention lors de sa dernière visite à Bruxelles (dans le cadre de l’accord-cadre échoué avec l’Union européenne) avait reçu des appréciations positives également hors des rangs de son propre parti, les critiques subsistent. Selon l’hebdomadaire alémanique, des parlementaires estimeraient que Guy Parmelin manque d’initiative propre, ne présentant que l’avis du Conseil fédéral en «lisant simplement ce qu’on lui aurait noté».
Or, sa mission à Genève reste délicate. Loin de se réduire au rôle d’hôte sympathique lors des discussions, Guy Parmelin devra aussi aborder des questions sensibles. Ainsi, la conseillère nationale bâloise Elisabeth Schneider-Schneiter (PDC) estime qu’il devrait indiquer à Joe Biden que, «en tant que pays neutre, la Suisse ne se laissera pas instrumentaliser pour un front contre la Chine». Même l'UDC fait pression sur «son» conseiller fédéral pour l’occasion : «Parmelin doit faire comprendre à Biden que la Suisse respecte les règles internationales et n'est pas un paradis fiscal», déclare ainsi le conseiller national zougois Thomas Aeschi.
Selon la «SonntagsZeitung», Joe Biden tentera aussi lors de cette rencontre de rendre l'achat d'un avion de combat américain acceptable pour le Conseil fédéral. «En contrepartie, Monsieur Parmelin devrait obtenir des Américains l'assurance que Monsieur Biden accepte de négocier un accord de libre-échange, demande le conseiller national zurichois Hans-Peter Portmann (PLR). Selon lui, les États-Unis repoussent cet accord depuis trop longtemps.
Relance de l'accord de libre-échange avec la Russie
Thomas Aeschi, quant à lui, suggère que le Conseiller fédéral relance l’idée d’un accord de libre-échange avec la Russie lorsqu’il discutera avec Vladimir Poutine. Les négociations sur un tel accord avec la Russie, le Belarus et le Kazakhstan avaient été suspendues lors de l'annexion de la Crimée.
La gauche, mais aussi d’autres partis, exigent encore que soit abordé le sujet des relations du président russe avec l'opposition et donc, au moins indirectement, le cas d'Alexeï Navalny, l’opposant russe qui avait été empoisonné, puis emprisonné après son retour en Russie. «J'attends de Monsieur Parmelin qu'il fasse clairement savoir que la Suisse est préoccupée par la manière dont la Russie traite la liberté d'expression et les droits de l'homme», a ainsi déclaré Elisabeth Schneider-Schneiter.