VaudLa fameuse «affaire Dittli» n’en était finalement pas une
L’expert mandaté par le Conseil d’Etat vaudois a blanchi Valérie Dittli, sur qui pesait des soupçons de tourisme fiscal.

- par
- Xavier Fernandez

Valérie Dittli a été blanchie par l’expert fiscal Daniel Schafer.
«Ce dernier mois, j’ai appris que la vie est rude. Mais j’ai aussi appris que j’ai un immense soutien derrière moi: le monde agricole, l'Alliance vaudoise, ou les députés, toutes couleurs confondues.» Valérie Dittli n’a pas caché son soulagement, jeudi, au terme de la présentation du rapport de l’expert fiscal mandaté par le Conseil d’État. Après des semaines durant lesquelles de nombreux articles de presse l’ont accablée, l’élue vient d’être totalement disculpée par Daniel Schafer. La jeune femme était notamment accusée de s’être adonnée à une certaine forme de tourisme fiscal, entre les cantons de Vaud et de Zoug, son canton d’origine qui est par ailleurs fiscalement avantageux. Interrogée sur sa préférence entre les deux, la cheffe des Finances a assuré avoir «un cœur tellement grand qu'il peut être dans mon canton d'origine où se trouvent mes parents et dans mon canton de choix»
Pour l’expert, l’âge de la jeune femme durant la période concernée, à savoir les années 2016 à 2021, la rend inattaquable. «Si on a plus de 30 ans, qu'on est célibataire et qu'on réside à deux endroits, on considère que c'est le canton où se trouve le travail qui fait foi, au détriment du canton de la famille. Mais, à l'inverse, si on a moins de 30 ans, la présomption veut que le domicile fiscal soit celui du canton où réside la famille, au détriment de celui où l'on travaille», détaille-t-il. Et la conseillère d’Etat avait effectivement moins de 30 ans à ce moment-là.
Un certain doute subsiste néanmoins pour l’année 2021, durant laquelle l’expert observe un déplacement progressif des intérêts de l’élue centriste vers le canton de Vaud. Toutefois, selon lui, il n’y pas lieu de parler d’optimisation fiscale. Au vu des revenus de Valérie Dittli, la différence pour son porte-monnaie n’était que de 180 francs. D’ailleurs, au vu du tarif de l’expert et de ses trois assistantes (300 francs de l’heure chacun), bien que la facture finale n’ait pas encore été établie, il paraît évident que l’étude coûtera bien plus cher au contribuable vaudois que ce que Valérie Dittli pourrait avoir gagné en laissant ses papiers à Zoug.
Les jeunes socialistes veulent toujours sa démission
Le 13 mars, à la suite des publications de la RTS sur la situation fiscale de Valérie Dittli, les jeunes socialistes vaudois ont lancé une pétition pour demander sa démission. Malgré les conclusions de l’expert genevois, les jeunes socialistes maintiennent leur position. «Nous ne sommes pas du tout étonnés des annonces de ce jeudi. Mais cela ne change rien pour nous. Notre démarche est avant tout d’ordre moral et déontologique. Les Vaudois peuvent se sentir floués, car il y a une forme de malhonnêteté dans cette affaire. L’expert l’a très bien dit: le centre de vie de Valérie Dittli était à Zoug, quand elle s’est présentée aux Vaudois en disant qu'elle était dans le canton de Vaud depuis dix ans. C’était clairement faux. Dans le fait de poser ses papiers dans le canton de Vaud juste pour les élections communales, repartir ensuite à Zoug, pour finalement revenir au moment des élections cantonales, il y a quelque chose d’assez malhonnête», estime le porte-parole Nicolas Schnorhk.