
L’augmentation des prix de la nourriture entraîne du stress, des privations et des situations à risques.
crise économiqueLa hausse des prix augmente les troubles alimentaires
Au Royaume-Uni, la crise économique a un impact sur l’alimentation de la population. Le stress entraîne des privations et des situations à risques.
- par
- Lauren Cavin-Hostettler
La crise économique au Royaume-Uni ne concerne pas seulement les questions de chauffage et d’approvisionnement, mais également la manière dont la population se nourrit. Selon l’Office britannique des statistiques, l’inflation des prix des denrées alimentaires, notamment les produits de base, les pâtes ainsi que le pain, et des boissons non alcoolisées a augmenté de 16,5% en 2022.
Une étude menée par l’association caritative Food Foundation relève que 7,3 millions d’adultes avaient sauté un repas ou avaient eu du mal à se procurer de la nourriture en avril 2022, contre 4,7 millions en janvier de cette même année. Cette étude montre également une augmentation de 57% de la proportion de ménages qui ont réduit leur consommation de nourriture ou sauté des repas sur une période de trois mois. Anna Taylor, directrice exécutive de la Food Foundation, commente: «L’insécurité alimentaire soumet les familles à un stress mental extrême et oblige les gens à survivre avec les calories les moins chères, ce qui entraîne des problèmes de santé.»
Stress et anxiété
Pour les personnes souffrant de troubles alimentaires, la situation financière ajoute un stress supplémentaire et peut entraîner une rechute ou une aggravation de leur état. «Certaines recherches suggèrent que les adultes présentant des niveaux élevés d’insécurité alimentaire sont plus susceptibles d’avoir des comportements liés aux troubles de l’alimentation, tels que l’hyperphagie (surconsommation d’aliment) et, surtout, la restriction», explique Tom Quinn, directeur des affaires extérieures de Beat, une organisation caritative de lutte contre les troubles de l’alimentation, à l’édition britannique du magazine «Glamour».
Focalisation excessive sur l’alimentation saine
Les troubles alimentaires ne concernent pas seulement ceux qui sautent des repas pour économiser de l’argent. Pour certaines personnes soucieuses de leur alimentation, choisir des aliments sains et peu caloriques est devenu difficile voire impossible en raison de l’augmentation des prix. Plusieurs jeunes femmes témoignant dans «Glamour» expliquent ne plus pouvoir se procurer des denrées qu’elles avaient l’habitude de consommer et devoir réfléchir encore plus pour coller à leur régime et à leur porte-monnaie. Cette attention excessive peut conduire à une focalisation malsaine sur l’alimentation saine. Certaines avouent avoir commencé à pratiquer de l’exercice physique de manière intensive pour compenser ce qu’elles ingurgitent. D’autres préfèrent ne pas manger plutôt que de mal se nourrir.
Moins d’accès aux traitements
Pour Tom Quinn, de l’organisation caritative de lutte contre les troubles de l’alimentation Beat, «L’augmentation des coûts des biens essentiels tels que le chauffage, les déplacements et la nourriture pourrait également accroître l’anxiété et le stress et rendre le rétablissement plus difficile.» Certains établissements de soins ont déjà remarqué que des patients, contraints de cumuler plusieurs emplois, ne sont plus capables de s’engager dans des rendez-vous médicaux. En effet, les personnes souffrant de troubles de l’alimentation ont souvent besoin d’une approche multidisciplinaire comprenant des entretiens avec différents spécialistes comme des psychologues ou des diététiciens.