Affaire Magnitski: La justice russe poursuit le procès post-mortem

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Affaire MagnitskiLa justice russe poursuit le procès post-mortem

Le procès du juriste Sergueï Magnitski continuait mercredi, avec l'audition de deux témoins.

Sergueï Magnitski est décédé en 2009.

Sergueï Magnitski est décédé en 2009.

La justice russe a poursuivi mercredi le procès post-mortem pour fraude fiscale du juriste Sergueï Magnitski, mort en prison en 2009, malgré un boycott de sa famille.

Deux témoins de l'accusation ont été interrogés lors de cette nouvelle audience au tribunal Tverskoï de Moscou qui a duré près de trois heures, a constaté une journaliste de l'AFP. «Le procès va se poursuivre le 1er avril», a précisé le juge. L'accusation compte faire intervenir 39 témoins durant le procès.

Famille absente

De son côté, la famille de Sergueï Magnitski était de nouveau absente à l'audience, continuant de dénoncer ces poursuites et refusant de participer à un procès qu'elle juge «blasphématoire».

«Le procès au tribunal Tverskoï de Moscou est une insulte envers la mémoire de mon fils», a réitéré sa mère Natalia dans un communiqué diffusé par le fonds d'investissement occidental Hermitage Capital, pour lequel travaillait Magnitski.

«Avec ce procès illégal, ceux qui ont sévi contre mon fils, qui l'ont privé de sa liberté, de sa santé et de sa vie, veulent maintenant salir son nom et le diffamer après sa mort», a-t-elle ajouté.

Il dénonce des machinations financières

Sergueï Magnitski est mort à 37 ans dans une prison de Moscou en novembre 2009 après 11 mois de détention provisoire.

Le juriste avait été arrêté en 2008 après avoir dénoncé une vaste machination financière de 5,4 milliards de roubles (130 millions d'euros) ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc au détriment de l'Etat russe et d'Hermitage Capital.

M. Magnitski avait alors été inculpé à son tour de fraude fiscale par les responsables mêmes qu'il dénonçait, selon Hermitage. Le patron de Hermitage Capital, William Browder, a aussi été inculpé et est jugé par contumace puisqu'il n'est pas revenu en Russie depuis le début de l'affaire.

Les deux avocats de la défense, commis d'office en raison du boycott du procès par la famille, on refusé de commenter la nouvelle audience.

Enquête classée

Le 19 mars, la Russie a classé l'enquête sur sa mort, estimant qu'il n'avait pas été victime de violences physiques ni de torture.

Le conseil pour les droits de l'homme auprès du Kremlin, une structure purement consultative, avait estimé en 2011, dans une expertise sans effet juridique, qu'il avait été victime de violences en prison et privé de soins de manière intentionnelle.

Le comité d'enquête russe a cependant réaffirmé que le juriste, à la santé fragile, était décédé de complications de ses maladies, ce qui n'avait pas été diagnostiqué en prison.

L'affaire a provoqué un conflit diplomatique entre Moscou et Washington. (afp)

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