France: La LICRA veut faire interdire le film de Dieudo

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FranceLa LICRA veut faire interdire le film de Dieudo

La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) attaque en justice Dieudonné pour «incitation à la haine», négationnisme et antisémitisme.

Grégoire Corthay
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Grégoire Corthay

De passage en Suisse le 7 février 2012, Dieudonné parlait de son premier film en tant que réalisateur: «L'Antisémite». Il expliquait qu'il s'agit d'une «réponse par la farce» aux accusations d'antisémitisme qu'il lui sont faites...

Dieudonné sera une nouvelle fois confronté à la justice française. Le 3 avril prochain, il est convoqué au Tribunal de grande instance de Paris à la suite d'une plainte de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA).

Dans une «assignation en référé» envoyée à l'artiste controversé et déjà condamné à plusieurs reprises par la justice en France, la LICRA condamne fermement la diffusion sur internet et la commercialisation de la comédie «L'Antisémite», le premier film de Dieudonné en tant que réalisateur. Elle dénonce en particulier la mise en ligne sur YouTube, le 16 février 2012, d'une vidéo promotionnelle «par Monsieur Mbala Mbala Dieudonné». Cette vidéo intitulée «Dieudonné – l'antisémite – les camps de concentrations» a été visionnée plusieurs dizaines de milliers de fois. On y voit l'humoriste déguisé en officier américain assister très dubitatif en 1945 à la découverte des horreurs qui se sont déroulées dans le camp de concentration d'Auschwitz.

13'000 euros d'amende

«La LICRA demande à ce que cette vidéo soit immédiatement retirée d'internet afin que son contenu ne puisse plus être visualisé par les internautes et que la parution et la distribution du film soient également interdites. Enfin, la LICRA demande que soient gelés tous les produits financiers générés par le film», indique-t-elle. La LICRA exige aussi une peine de 13'000 euros (environ 15'000 francs) d'amende à l'encontre de l'artiste.

Pour la LICRA, cette vidéo «choquante» est illégale et comporte des passages «témoignant d'une claire négation de la shoah à travers l'existence des chambres à gaz, en tant qu'instrument de mort» et «la contestation de l'extermination des juifs dans le cadre d'un plan concerté» par les nazis. Les propos qu'elle contient sont «parfaitement constitutifs du délit d'incitation à la haine raciale». La LICRA souligne que «cette incitation à la haine s'effectue par un recours constant à de l'ironie qui s'avère déplacée au regard du contexte particulier». Elle précise avoir agi en réaction à de «nombreuses plaintes de militants indignés».

L'extrait incriminé du film de Dieudonné

«Je vais me battre!»

Dieudonné se défend en disant qu’il a précisément voulu répondre par la farce avec ce film aux accusations qui lui sont faites d’être antisémite. Son entourage explique que Dieudonné est, lui-même, l’objet de menaces «tous les jours pratiquement depuis un mois» et qu’il prépare un dossier pour son procès.

Sur sa page Facebook officielle, il a aussi publié un message à l’attention de ses fans dénonçant un «déchaînement politico-judiciaire sur le clown Dieudonné». «Après l'exécution de Mohamed Merah, les autorités morales ont décidé d'éradiquer le rire subversif! Mon arme a toujours été l’humour. Je me battrai jusqu’au bout, les armes à la main», indique-t-il.

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