Femme violée à Emmen (LU)La mère dit avoir «presque perdu tout espoir»
Deux ans après le viol brutal d'une femme de 26 ans à Emmen (LU), la mère de la victime se confie à la presse et milite pour un changement de la loi.
- par
- ofu
Le viol d'Emmen (LU) a suscité une vague d'indignation à travers toute la Suisse. Deux ans après les faits, le coupable court toujours. L'homme, qui n'a pas encore pu être identifié, avait poussé une cycliste de son vélo avant de la violer sauvagement. La jeune femme de 26 ans avait été grièvement blessée. Tétraplégique, elle est désormais clouée à une chaise roulante.
La mère de la victime s'est confiée vendredi à «Blick»: «J'ai presque perdu tout espoir que le coupable soit arrêté un jour.»
Tests ADN en masse
Sa famille ne se remet que très lentement de cette violente agression. «Mais ma fille va mieux, grâce à sa force mentale», explique la maman. Elle espère que l'auteur pourra être identifié un jour grâce à l'ADN retrouvé sur la scène de crime. Mais jusqu'à présent, les tests en masse effectués auprès de 371 hommes par les enquêteurs n'ont mené à rien.
Pourtant, le matériel génétique récolté pourrait permettre de définir l'âge, la couleur des yeux, de la peau et des cheveux de la personne. Mais ce type d'analyse approfondie est interdit en Suisse. Une situation que la mère de la victime a du mal à accepter. «Je ne comprends pas comment on peut accorder davantage d'importance à la protection des auteurs qu'à celle des victimes.»
Effet dissuasif
L'Alémanique se bat désormais pour un changement de la loi. Elle pense que le fait de pouvoir réaliser un portrait robot en se basant uniquement sur l'ADN aurait un effet dissuasif sur les agresseurs.
Elle est soutenue par le conseiller national Albert Vitali (PLR). Dans une motion déposée fin 2015, le politicien demande au Conseil fédéral de «créer les bases légales nécessaires afin que les autorités de poursuite pénale soient autorisées à poursuivre de façon ciblée les auteurs d'actes de violence graves tels qu'un meurtre ou un viol en procédant à l'analyse de séquences codantes de l'ADN, qui permet d'identifier des caractéristiques personnelles.» Le National et le conseil des Etats ont déjà accepté le texte. La balle se trouve désormais dans le camp des sept Sages, informe «Blick».
Aucun nouvel indice
La commission spéciale mise sur pied au sein de la police lucernoise pour résoudre le viol d'Emmen a désormais été dissoute. Le porte-parole des forces de l'ordre, Kurt Graf, explique que la police ne dispose d'aucun nouvel indice. Il précise néanmoins que certains échantillons ADN provenant de personnes vivant à l'étranger n'ont pas encore été analysés.
Profil ADN: situation actuelle en Suisse
A l'heure actuelle, les enquêteurs suisses peuvent, grâce à la génétique, déterminer le sexe et l'origine d'un auteur présumé, mais pas de manière extrêmement précise: «On peut savoir, par exemple, qu'il ou elle a 20% de gènes européens, 20% d'asiatiques et 60% de nord-africains», expliquait en février 2016 Ursula Germann, de l'institut de médecine légale de l'hôpital cantonal de Saint-Gall. «Mais on ne peut pas affirmer avec certitude qu'il a les cheveux, les yeux ou la peau sombre», poursuivait-elle. Sa collègue Silvia Utz, de l'Université de Berne, avait elle aussi confirmé: «On ne peut que faire des suppositions.»