Aéroport de Genève«La moitié des vols pourraient être réalisés en train»
Les Genevois ont pris plus de quatre fois l’avion en moyenne en 2022. Pour les Verts, la moitié de ces trajets auraient pu être faits par le rail.

La reprise actuelle du trafic aérien montre «une fuite en avant qui n’est pas durable», selon les Verts.
Plus de 14 millions de passagers l’an passé, soit 80% du chiffre de 2019: l’aéroport de Genève a presque retrouvé le niveau du trafic d’avant-Covid. Et, pour les Verts, «ce n’est pas la direction à prendre» face aux enjeux climatiques, loin de là. Le parti écologiste a demandé à Noé21 de réaliser un rapport sur cette reprise «spectaculaire» et ses effets. En 2021, l’ONG avait relevé que, pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 visés pour 2030, il faudrait ramener le nombre de passagers à 3,2 millions par an.
«Consommation problématique»
Auteur de l’étude présentée mercredi, Jérôme Strobel a notamment pointé une «consommation problématique» de l’avion, majoritairement dévolue aux loisirs, et alimentée par les vols low-cost, privilégiés au bout du lac. En 2022, les habitants de Genève se sont envolés en moyenne 4,1 fois, soit presque deux fois plus que la moyenne suisse, quatre fois celle de l’Union européenne et vingt fois celle du reste du monde. «Cela veut dire que certains prennent dix fois l’avion par année», a relevé le scientifique.
Londres, Paris, Zurich
Alors que le Top 10 des destinations les plus prisées au départ de Cointrin est trusté par des villes européennes (Londres loin devant, suivie de Paris, et Zurich à la 10e place), «la moitié des vols pourraient être réalisés en train», selon Jérôme Strobel. En effet, 52% des destinations pourraient être atteintes en chemin de fer en moins de huit heures, et 30% entre trois et six heures. C’est d’ailleurs une des solutions soutenues par les Verts: miser sur le rail. «Le réseau ferroviaire existe en Europe, ce qui manque est le matériel roulant», a expliqué la présidente de la section cantonale et conseillère nationale Delphine Klopfenstein Broggini.
Comme l’Autriche
Noé21 a calculé par simulation qu’en affrétant 24 nouveaux trains internationaux aller-retour directs avec des villes européennes au départ de Genève, il serait possible de réduire de 6 millions le nombre de passagers et de plus de 50’000 le nombre de mouvements à Cointrin. «C’est 42% du trafic de l’aéroport qui pourrait ainsi être absorbé par le train.»
Outre instaurer un couvre-feu entre 22h et 7h, taxer des vols en jets privés ou établir des objectifs climatiques contraignants pour l’aéroport, les Verts plaident donc pour ce basculement vers le ferroviaire, via le développement de trains de nuit, comme l’Autriche l’a fait, ou de lignes rapides. Des incitations financières pourraient être mises en place, comme des offres ciblées à la manière des chemins de fer allemands qui avaient introduit un billet à 9 euros, ou encore l’offre Interrail.
Economies d’énergie «annihilées» par le trafic aérien
La reprise du trafic aérien a «complètement annihilé» les efforts consentis cet hiver pour réduire la consommation d’énergie, a souligné Jérôme Strobel: la hausse de consommation de kérosène est de l’ordre de 1200 GWh, alors que les économies en chauffage et en électricité atteignent 300 GWh. «On ne peut pas demander des économies d’énergie d’un côté, et annuler ces efforts de l’autre», a jugé Lisa Mazzone, conseillère aux Etats.