HorlogerieLa montre connectée, un remède à la crise?
Pour maintenir ou augmenter le volume de production, et ainsi que les emplois, la montre connectée pourrait être une réponse.

Le Japon et la Chine sont déjà très compétitifs et très forts dans le domaine de la connexion. (Image d'illustration)
L'horlogerie suisse traverse une crise plus structurelle que conjoncturelle, selon plusieurs intervenants de la Journée internationale du marketing horloger (JIMH).
Afin de maintenir ou éventuellement d'augmenter le volume de production, et ainsi que les emplois, la montre connectée pourrait être une réponse adaptée.
«On a l'intelligence de notre savoir-faire et la connerie de notre peur», a déclaré Jean-François Ruchonnet, créateur horloger, jeudi lors de la 20e JIMH à La Chaux-de-Fonds. «La crise que traverse l'horlogerie est la même que celle de l'automobile il y a 20 ans».
L'horlogerie suisse a un problème de volume et de prix. Selon lui, toute la chaîne de valeurs est à adapter, des intermédiaires sont à supprimer dans la distribution et les prix sont à revoir à la baisse. «Ces dernières années, les marques ont eu une stratégie d'expansion trop optimiste, le modèle est à revoir», a ajouté Jean-François Ruchonnet.
Face aux volumes qui stagnent ou qui sont en recul, certains se demandent si l'appareil de production de l'industrie horlogère est encore bien adapté. Actuellement, environ 20 millions de montres électroniques et 6 millions de garde-temps mécaniques sont fabriqués chaque année en Suisse. En 1950, avant l'arrivée du quartz, la Suisse fabriquait encore 70 millions de montres mécaniques chaque année.
Et une peur plane sur le monde horloger. L'industrie est-elle en train de rater le virage de la montre connectée, comme elle a sous-estimé il y a 30 ans l'arrivée du quartz?
«La plupart des marques développent une stratégie de «brand protection» et il devient difficile pour elles de sortir des sentiers battus», a estimé de son côté Arni Kapshitzer, directeur général de Hyetis. Pourtant, selon lui, «la vague des montres connectées est immense. Il existe une forte demande de la génération Y» (génération née entre le début des années 80 et le milieu des années 90).
Le marché va décider
Certains intervenants dans le public se sont demandés si la montre connectée mécanique ne pourrait pas être un outil pour augmenter le volume de production ou au moins le maintenir. Jean-François Ruchonnet, qui estime que la smartwatch d'Apple est «un satellite mais pas une montre», entrerait en matière dans le cadre d'un garde-temps hybride.
Il pourrait s'agir d'une montre qui aurait une puce cachée dans le platine. Cette dernière donnerait par exemple des informations sur les besoins de la montre, mais elle ne serait pas un mini-ordinateur et n'aurait pas d'écran. «L'horlogerie doit vendre de l'émotion et les pixels ne me font pas rêver», a ajouté Jean-François Ruchonnet.
Jean-Daniel Dubois, directeur général de Vaucher Manufacture, va dans le même sens. «Il faut continuer de faire rêver la clientèle et voir ce que le marché désire». Selon lui, le marché n'est pas extensible et le Japon et la Chine sont déjà très compétitifs et très forts dans le domaine de la connexion.
Pour Jean-Daniel Dubois, le «problème n'est pas l'appareil de production suisse mais une question de produit». Selon lui, le remède est l'innovation. Comme réponse à la montre connectée qui doit être rebranchée tous les soirs, Vaucher Manufacture a développé pour sa marque Parmigiani Fleurier un échappement particulier qui augmente la réserve de marche en jours, voire en mois.
Goût du risque
En Suisse, «on est fort dans la technologie, les 'process' et le design, mais il nous manque le goût du risque», observe de son côté Luiggino Torrigiani, cofondateur de la start-up horlogère innovante Dominique Renaud. «Il faut oser sortir du cadre», précise-t-il.
Selon lui, il faut saisir les opportunités, car avec les taux d'intérêt négatifs, beaucoup de milliardaires ne savent plus comment investir. Avec le nouveau «coeur de montre» inventé par l'horloger Dominique Renaud et ses partenaires, on «s'approche du mouvement perpétuel».
«On est proche de zéro frottement et de zéro besoin d'énergie. Avec une telle efficacité, on a un énorme potentiel industriel dans d'autres secteurs d'activité comme celui par exemple des transports ou de la santé, avec les pacemakers notamment», conclut Luiggino Torrigiani.
Un climat maussade
En mars dernier, Baselworld, le grand rendez-vous mondial annuel de l'horlogerie avait ouvert ses portes en Suisse dans un climat maussade pour le secteur, entre les déboires à Hong Kong, les inquiétudes sur la manne touristique en Europe et la montée en puissance des montres connectées.
(nxp/ats)