GenèveLa nationalité des malfrats ne sera pas cachée
Le Grand Conseil a rejeté de justesse une motion réclamant que la police cesse de mentionner la nationalité des suspects dans ses communiqués.

La police mentionne les nationalités des suspects dans ses communiqués à la presse, mais ne les diffuse pas sur les réseaux sociaux.
A Genève, la police pourra continuer à mentionner la nationalité des délinquants présumés dans ses communiqués aux médias. La gauche et le PDC réclamaient, par le biais d'une motion adressée au Conseil d'Etat, que les forces de l'ordre renoncent à cette pratique pour éviter les amalgames et les préjugés.
Le texte a été refusé jeudi par le Grand Conseil à une voix près, celle du président, soit par 43 voix contre 42 et 7 abstentions. La nationalité n'est pas une variable déterminante dans le phénomène criminel, a indiqué Paloma Tschudi, députée Verte. L'âge, le niveau socio-économique, le sexe et la formation passent avant, a-t-elle souligné.
Censure?
Indiquer la nationalité ne fait qu'attiser la haine, selon les signataires de la motion. Faux, selon l'UDC Marc Fuhrmann qui défend la transparence: «interdire de divulguer l'origine des délinquants relève d'une obstruction à la liberté de la presse digne de l'époque soviétique», a-t-il souligné. Il reproche aux motionnaires de vouloir manipuler le public pour détourner la réalité.
En interdisant de mentionner la nationalité des délinquants présumés, «vous vous érigez en censeurs», a mis en garde le conseiller d'Etat MCG Mauro Poggia. La petite majorité du Grand Conseil a aussi préféré ne pas s'immiscer dans une question opérationnelle de la police genevoise. A noter que sur les réseaux sociaux, la police genevoise ne mentionne pas les nationalités des délinquants présumés afin d'éviter les commentaires injurieux. «Sur Facebook, nous omettons systématiquement la nationalité pour ne pas susciter de commentaires», indiquait Silvain Guillaume-Gentil, porte-parole de la police genevoise, au mois de juillet.
La pratique diffère selon les cantons
Le débat sur la mention ou non de la nationalité des délinquants n'est pas une spécificité genevoise. Roger Schneeberger, secrétaire général de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police, lie la pratique actuelle à un besoin de transparence: «Il ne faut pas cacher des informations à la population, au risque de renforcer les ressentiments.» Pour rappel, la question revient fréquemment en Une de l'actualité depuis la décision d'arrêter cette mention, prise par la police municipale de Zurich en 2017.
La police lausannoise avait annoncé mi-juillet qu'elle allait continuer à donner l'origine des personnes interpellées.
La pratique diffère selon les cantons. La police vaudoise divulgue «systématiquement l'âge, l'origine et le domicile des auteurs ou victimes présumés, qu'ils soient Suisses ou étrangers», avait indiqué un porte-parole de la police vaudoise au «Temps». La police genevoise, elle, module ses communiqués en fonction des différents canaux.
A Neuchâtel, la police indique la nationalité des auteurs et des victimes «seulement s'il y a un intérêt prépondérant pour la compréhension du contexte ou de l'affaire».
A Soleure, les citoyens ont accepté en 2012 une initiative de l'UDC obligeant la police et la justice à donner la nationalité des délinquants. Idem à Saint-Gall depuis 2010, après un texte des Jeunes UDC.
(20 minutes/ats)