ItalieLa participation au scrutin atteignait 20% à midi
Les Italiens votent depuis ce matin sur la réforme constitutionnelle proposée par Matteo Renzi.

Les bureaux de vote ferment à 23 heures. Silvio Berlusconi a lui déjà voté.
Les Italiens étaient nombreux dimanche à se rendre dans les bureaux de vote. Ils se prononçaient sur une réforme constitutionnelle lors d'un référendum qui s'est transformé en plébiscite pour ou contre le chef du gouvernement Matteo Renzi.
Selon le ministère de l'Intérieur, la participation a atteint 57,22% à 20 heures. Ce chiffre traduit une forte mobilisation de l'électorat. Les bureaux de vote doivent fermer à 23 heures pour plus de 46 millions d'électeurs. Le vote par correspondance des quelque 4 millions d'Italiens de l'étranger s'était clos jeudi soir.
Les premières estimations issues des sondages de sortie des bureaux de vote sont attendues à la clôture du vote. Et les résultats dans la nuit. Les derniers sondages autorisés, il y a deux semaines, donnaient 5 à 8 points d'avance au non. Mais il y avait encore beaucoup d'indécis.
Polémique des crayons
Dans une campagne marquée par des attaques de plus en plus féroces entre pro et anti-réforme, une dernière polémique est venue émailler cette journée de scrutin. Elle a concerné les... crayons avec lesquels les électeurs étaient invités à cocher oui ou non dans les isoloirs.
Le ministère de l'Intérieur avait prévu pour cette consultation des crayons indélébiles. Des électeurs ont pourtant assuré qu'ils étaient effaçables. Ce que n'ont pas manqué de dénoncer aussitôt les leaders du mouvement populiste «5 étoiles», Beppe Grillo, et de la Ligue du Nord (extrême droite), Matteo Salvini. Ils crient à l'inégalité.
Réduction des pouvoirs du Sénat
Le scrutin porte sur une réforme constitutionnelle qui prévoit une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, une limitation des prérogatives des régions et la suppression des provinces, l'équivalent des départements français.
De la droite classique aux populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, en passant par tous les extrêmes et même des «frondeurs» du Parti démocrate (PD) de M. Renzi, une large majorité des politiciens appellent à voter «non». Ils dénoncent une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement.
Cette opposition est également unie dans son désir de chasser Matteo Renzi. Arrivé au pouvoir en février 2014, le chef du gouvernement a assuré qu'il démissionnerait en cas d'échec. Il a été omniprésent dans les médias et sur les réseaux sociaux pour défendre «sa» réforme, censée simplifier la vie politique dans un pays qui a vu défiler 60 gouvernements depuis 1948.
En l'absence d'alternative claire, l'incertitude quant au résultat provoque des sueurs froides en Europe et sur les marchés financiers. Après le choc du Brexit et la montée des mouvements populistes, on redoute une nouvelle phase d'instabilité dans la troisième économie de la zone euro.
Pays «mécontent»
«Renzi a eu le tort, dès le départ, de personnaliser ce scrutin, en disant qu'il démissionnerait en cas de victoire du non. Du coup, il concentre sur lui tout le mécontentement du pays, y compris celui des jeunes», a expliqué Elena Piccolo, 21 ans, étudiante à Naples.
«J'ai beaucoup hésité, mais j'ai voté oui (...). Pour dire la vérité, je pense que je n'ai pas tout compris. Je n'aime pas particulièrement Renzi, il parle beaucoup et surtout de lui. Mais quand on voit tous ceux qui votent non, pour moi ce n'était pas possible», a expliqué de son côté Matteo Rossi, 25 ans, employé dans une salle de sport.
Le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ont ouvertement appelé à voter oui. La réalité d'un retrait de Matteo Renzi en cas d'échec pourrait dépendre de l'ampleur du score.
Même s'il présente la démission de son gouvernement, il devrait en effet rester à la tête du PD, voire même être reconduit à la présidence du conseil. Mais il a répété qu'il ne prendrait jamais la tête d'un gouvernement «technique» chargé uniquement de réformer la loi électorale. (nxp/ats)