Matches truqués: La réputation de Singapour sur la sellette

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Matches truquésLa réputation de Singapour sur la sellette

Les révélations d'Europol sur un cartel criminel impliqué dans un vaste trafic de matches de football truqués et basé à Singapour mettent à mal la réputation de la cité-Etat. Le pays est classée parmi les moins corrompus du monde.

Dévoilée lundi, l'enquête d'Europol, «d'une ampleur sans précédent», a mis au jour l'existence de plusieurs centaines de matches truqués à travers le monde, parmi lesquels des rencontres de Ligue des champions et 41 parties du championnat de Suisse. A la tête de ces opérations de trucages répertoriées à partir de 2008 et liées à des paris sportifs, un cartel criminel basé à Singapour a réalisé plus de 8 millions d'euros de bénéfices selon Europol.

Réputation menacée?

«Cette affaire pourrait endommager gravement la réputation mondiale de Singapour, de place financière de l'Asie sûre et intègre», estime Jonathan Galaviz, directeur du cabinet de consultants américain Galaviz & Co, qui suit l'industrie des paris sportifs en Asie. «Les responsables politiques de Singapour doivent se demander s'ils ont dédié suffisamment de ressources à la surveillance et à la mise en oeuvre des lois réprimant les paris illégaux et la corruption dans le sport», ajoute-t-il.

Selon l'enquête d'Europol, quelque 380 matches truqués ont été identifiés, principalement en Europe, dans lesquels environ 425 arbitres, dirigeants de clubs et joueurs, notamment, sont impliqués. Quatorze suspects ont déjà été condamnés, pour un total de 39 ans de prison, mais une centaine d'autres doivent encore comparaître.

Pour Jonathan Galaviz, avec l'enquête d'Europol, «on va se demander ce que les autorités de Singapour savaient, depuis quand, et pourquoi ce réseau basé à Singapour n'a pas été démantelé avant». «Ce qui est particulier dans ce cas, c'est que le statut de place financière de Singapour semble avoir été utilisé à des fins frauduleuses, et ça risque d'être très gênant pour pas mal de gens», souligne-t-il.

Passé sous silence

Neil Humphreys, auteur et journaliste sportif britannique qui vit à Singapour depuis 1996, note le peu d'entrain de la presse de la cité-Etat à rapporter mardi la conférence de presse tenue la veille par Europol. «Le sujet n'a pas reçu le même traitement ici que dans d'autres pays où le football est populaire, alors que Singapour serait la base même du réseau de trafiquants présumés», s'étonne-t-il. L'affaire n'est évoquée qu'en page 3 du Straits Times, le grand quotidien anglophone du pays.

La police n'avait pas officiellement réagi mardi après-midi aux découvertes d'Europol et indiquait réfléchir à la réponse à apporter. Dans un communiqué, la Fédération singapourienne de football (FAS) indique «étudier avec sérieux les accusations de trucage de matches et de corruption dans le football» et affirme «mettre tout en oeuvre» pour sanctionner ces pratiques. «Le problème des matches truqués n'est pas confiné à l'Asie», se défend-elle aussi.

Singapour, surnommé la Suisse de l'Asie, est classé parmi les pays les moins corrompus au monde par les organisations internationales, telles que Transparency International ou Political and Economic Risk Consultancy. (ats)

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