Crise en UkraineLa Russie ciblée après l'offensive à Marioupol
Le président américain Barack Obama a promis dimanche «d'accroître la pression sur la Russie» au lendemain de bombardements sur le port ukrainien de Marioupol.
Le président américain Barack Obama a promis dimanche «d'accroître la pression sur la Russie» au lendemain de bombardements sur le port ukrainien de Marioupol. Ces violences ont été attribuées aux séparatistes prorusses et ont tué trente civils.
Les bombardements au lance-roquettes multiples Grad contre un quartier habité de Marioupol et l'offensive annoncée par les rebelles contre la dernière grande ville ukrainienne de l'est du pays sous contrôle de Kiev risquent de lancer un nouveau front dans ce conflit, qui a fait plus de 5000 tués.
La conquête de cette ville permettrait d'établir un couloir terrestre entre la Russie et la péninsule ukrainienne de la Crimée, annexée mais très dépendante de l'Ukraine pour ses approvisionnements en eau et en électricité.
Kiev a accusé les séparatistes et la Russie, qui les soutient militairement, d'être responsables du drame. Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) présents sur place ont conclu samedi que les tirs avaient été effectués depuis des positions contrôlées par les rebelles. Les roquettes sont tombées à 400 mètres d'un check-point de l'armée ukrainienne.
M. Obama, joignant sa voix au tollé occidental provoqué par l'attaque ayant tué 30 civils et blessé une centaine, a promis «d'accroître la pression sur la Russie» en lien avec les autres diplomaties occidentales. Il a assuré regarder toutes les options «hormis la confrontation militaire».
Kiev ciblé par Lavrov
«Nous sommes vivement préoccupés par la dernière rupture en date du cessez-le-feu et l'agression que mènent les séparatistes avec le soutien russe, du matériel russe, un financement russe, un entraînement russe et des soldats russes», a dit le président américain.
Et pour la première réaction de Moscou, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a affirmé dimanche que ces nouvelles violences avaient été provoquées par des attaques «permanentes» de l'armée ukrainienne contre des «localités peuplées».
Il s'est entretenu par téléphone avec son homologue américain John Kerry et la Haute représentante aux affaires étrangères de l'UE Federica Mogherini. Il a souhaité que l'UE parvienne à convaincre Kiev d'entamer «un large dialogue politique» avec les rebelles. M. Kerry a proposé d'élargir le groupe de partenaires internationaux qui cherche à ramener la paix dans la région.
Rencontre avec Porochenko
Le président ukrainien Petro Porochenko a de son côté ouvert une réunion extraordinaire de son Conseil de sécurité nationale et de défense. Il n'a vu aucune «alternative aux accords de paix signés avec les séparatistes prorusses» et avec la participation de la Russie et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en septembre. Il a décrété dimanche une journée de deuil national.
A Marioupol, ville industrielle d'un demi-million d'habitants, les habitants interrogés par l'AFP étaient sous le choc, même si la vie la vie a repris son cours habituel.
Les dirigeants occidentaux ont dénoncé une «dangereuse escalade» du conflit dans l'Est de l'Ukraine et appelé la Russie à cesser de soutenir la rébellion, ce que Moscou dément fermement.
Condamnation par Burkhalter
Le conseiller fédéral Didier Burkhalter s'est dit inquiet et a condamné «fermement» le bombardement de samedi.
«L'apaisement encourage l'agresseur à davantage d'actes de violences», a estimé le président du Conseil européen Donald Tusk. Le président français François Hollande s'est entretenu avec M. Porochenko et lui et leur a exprimé sa «très forte préoccupation».
La chancelière allemande Angela Merkel a prié le président russe Vladimir Poutine de «faire pression sur les séparatistes».
Réunion attendue
Mme Mogherini a annoncé avoir convoqué une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE jeudi prochain.
La Lettonie, présidente en exercice de l'UE, a réclamé de nouvelles sanctions contre la Russie, «pleinement responsable de l'attaque des séparatistes contre Marioupol».
Dès samedi soir, les 15 pays du Conseil de sécurité de l'ONU ont tenté de mettre au point une déclaration sur Marioupol, à l'initiative de Londres. Mais la Russie a bloqué cette initiative, selon des diplomates occidentaux. Une réunion est prévue lundi. (ats)