ONU Genève: La Suisse appelle à lier sécurité et droits de l'homme

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ONU GenèveLa Suisse appelle à lier sécurité et droits de l'homme

Pour les 10 ans du Conseil des droits de l'homme, Didier Burkhalter a lancé un appel lundi à Genève.

Didier Burkhalter ce 13 juin 2016 à l'ONU à Genève.

Didier Burkhalter ce 13 juin 2016 à l'ONU à Genève.

photo: Keystone

Cet Appel du 13 juin pour mettre les droits de l'homme au coeur de la prévention des conflits est soutenu par plus de 60 pays, dont les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Il prévoit de rapprocher Conseil des droits de l'homme et Conseil de sécurité pour que ce dernier anticipe davantage les crises.

Des rapports devront lui être transmis. Les Etats membres de l'enceinte à New York devraient solliciter plus régulièrement le Haut Commissaire aux droits de l'homme et prendre en compte les activités du Conseil établi à Genève.

Tous les pays devront aussi renforcer leur action. «C'est ainsi que nous progresserons réellement dans notre capacité commune à prévenir la guerre et la souffrance», a indiqué le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à l'ouverture de la 32e session du Conseil.

Des liens et des procédures en partie déjà établis, a affirmé le secrétaire général adjoint de l'ONU Jan Eliasson lors d'un débat de haut niveau sur les dix ans du Conseil des droits de l'homme avec d'anciens présidents de l'enceinte.

Moins d'une génération

Comme l'un de ces participants, il a salué l'initiative suisse. Devant la presse, il a dit avoir constaté comment ces dernières années «les dimensions des droits de l'homme et humanitaires» ont pénétré «de plus en plus» le Conseil de sécurité. «Nous ne voulons pas attendre que les atrocités arrivent», a ajouté M. Eliasson.

M. Burkhalter veut davantage d'interaction et estime que cette avancée pourrait prendre du temps. Mais moins d'une génération, au contraire du débat sur la réforme du droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité.

«Il faut agir plus tôt et sur le plus long terme», affirme le chef du DFAE. Le contraire de la situation actuelle, selon lui. Il ne craint pas que le Conseil de sécurité s'exonère de ce changement de pratiques. La responsabilité sera alors sur cette enceinte.

Dans sa nouvelle stratégie de politique étrangère, la Suisse souhaite aussi renforcer ses bons offices, pendant et après les guerres. Une résolution des conflits et une consolidation de la paix qui prennent également du temps, selon le conseiller fédéral.

«Le rôle suisse» devient «plus important» dans un monde plus fragmenté, a estimé M. Burkhalter en ouvrant, également à Genève, le Forum international de la sécurité qui rassemble 350 spécialistes jusqu'à mercredi.

Société civile évoquée

Devant le Conseil des droits de l'homme, il a estimé qu'en dix ans, l'enceinte a montré qu'elle était «capable de réagir rapidement aux violations des droits de l'homme». Mais cette période n'a pas suffi, «et de loin, pour progresser largement dans le respect des droits de l'homme». Ce défi sera le principal dans les dix prochaines années, selon le Haut Commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad al-Hussein.

M. Burkhalter a salué l'Examen périodique universel (EPU) qui a décortiqué tous les Etats membres de l'ONU. Mais aussi les procédures spéciales. Lors du débat de haut niveau, la Suisse a insisté sur la défense de la société civile.

Devant le Conseil, M. Zeid a lui salué l'Initiative pour un revenu de base inconditionnel (RBI), même si elle a été rejetée par le peuple suisse.

Irak et Erythrée

Il s'est en revanche demandé si la communauté internationale existait encore. Des Etats se sont retirés d'institutions liées aux droits de l'homme. D'autres menacent de le faire. Un paradoxe alors que tous les 193 Etats membres de l'ONU assistaient lundi à l'ouverture du Conseil des droits de l'homme, une première.

Parmi les nombreuses situations soulignées, M. Zeid a dénoncé la détention d'enfants dans les centres d'accueil de réfugiés en Grèce ou en Italie. Mais aussi la situation de dizaines de milliers de civils toujours bloqués à Fallouja, en Irak.

Après le rapport de la Commission d'enquête sur l'Erythrée la semaine dernière qui a ciblé de nombreux abus, le Haut Commissaire a proposé son soutien au gouvernement pour la mise en oeuvre des recommandations. (nxp/ats)

(NewsXpress)

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