PhénomèneLa Suisse s’inquiète de la misogynie de plus en plus violente sur le web
Les mouvements «Incel», soit ces célibataires qui détestent les femmes, sont toujours plus extrémistes. FedPol y voit une menace pour la sécurité intérieure de l’Europe.

L’influenceur Andrew Tate est le fer de lance des milieux Incel qui détestent ouvertement les femmes.
Les milieux misogynes sur internet prennent de l’ampleur et leur ton devient de plus en plus extrême. À l’image d’Andrew Tate, cet influenceur anglo-américain arrêté récemment en Roumanie pour viol et proxénétisme. L’homme, un ex-kickboxeur, affichait sur les réseaux sociaux des thèses masculinistes et des propos violents contre les femmes.
Et les groupes à afficher ouvertement de telles thèses sont nombreux. Au point d’inquiéter les autorités du monde entier, y compris en Suisse, souligne samedi le Tages-Anzeiger. D’ailleurs, le deuxième plan d’action national de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent est entré en vigueur ce 1er janvier. Et pour la première fois, il met l’accent sur le mouvement «incel», soit les «célibataires involontaires» qui ont peu de succès auprès des femmes et qui finissent par les détester.
Prolifération de forums
«On constate une prolifération des forums «incel» en Europe», souligne le plan. Ce milieu est avant tout présent sur les réseaux sociaux, sur les grandes plateformes telles que Facebook comme sur des plateformes moins réglementées, écrit-il. «Certains de ces forums d’échanges ont déjà été fermés en raison de leur danger potentiel», rappelle-t-il. Et de citer plusieurs attentats en public contre des femmes aux USA et au Canada.
Interrogé par le Tagi, l’Office fédéral de la police (FedPol) affirme suivre le phénomène de près et échanger des informations avec les polices internationales. «Les expériences à l’étranger montrent que les Incels peuvent se radicaliser en ligne dans le monde entier, avec des conséquences parfois tragiques sans gros besoins logistiques», souligne-t-il. Par conséquent, le mouvement représente une menace pour la sécurité intérieure de l’Europe, estime-t-il. FedPol indique notamment sensibiliser les corps de police pour mieux identifier les personnes potentiellement dangereuses.