La visite en France du roi Charles III reportée à cause des manifs 

Le palais de Buckingham a confirmé vendredi le report de la visite du Roi Charles III en France, prévue du 26 au 29 mars, en raison des grèves et manifestations parfois violentes contre la réforme des retraites dans l’Hexagone. Londres a affirmé qu’elle aurait lieu «dès que des dates pourront être trouvées». Le président français Emmanuel Macron a indiqué qu’elle pourrait avoir lieu «au début de l’été».

Le voyage a été reporté «avec l’accord de toutes les parties, après que le président de la France a demandé au gouvernement britannique de reporter la visite», a déclaré un porte-parole du Premier ministre britannique Rishi Sunak. «Leurs majestés se réjouissent de l’opportunité de se rendre en France dès que des dates pourront être trouvées», a précisé Buckingham Palace. 

Après la France, le roi de 74 ans et la reine consort Camilla doivent se rendre en visite d’État en Allemagne du 29 au 31 mars, et cette partie du voyage n’est pas remise en cause.

Les visites d’État sont l’occasion solennelle de célébrer la relation d’amitié entre deux pays. Celle en France du roi Charles, francophone et francophile, prévoyait notamment une cérémonie du souvenir à l’Arc de Triomphe avec Emmanuel Macron et un discours du roi au Sénat devant députés et sénateurs. Un total de 4000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés en France pour la visite royale.

Camilla, 75 ans, qui ne s’est jamais rendue à l’étranger en tant que reine consort, devait aussi inaugurer avec Brigitte Macron l’exposition Manet/Degas au musée d’Orsay, et un banquet d’État en l’honneur du couple royal avait été annoncé au château de Versailles. Charles III devait ensuite se rendre à Bordeaux le 28, pour une étape très centrée sur l’environnement, sa passion depuis plus de 50 ans.

Mais dans le contexte de manifestations parfois violentes, alors que des tonnes d’ordures s’accumulent dans les rues de Paris pour protester contre la réforme des retraites, les deux parties ont préféré jeter l’éponge avant une nouvelle journée de mobilisation prévue mardi, durant le voyage royal. Un syndicat de cheminots avait fait savoir que ce voyage était «dans le viseur».

Cette visite royale, avant même le couronnement le 6 mai à l’Abbaye de Westminster, était prévue quelques semaines après celle du Premier ministre Rishi Sunak. Elle témoignait d’un «réchauffement entre les deux pays après une période difficile» de plusieurs années post-Brexit, avait déclaré à l’AFP l’ancien ambassadeur britannique en France Peter Ricketts.

«L’arrivée de Rishi Sunak, qui est beaucoup plus compatible avec le président Macron, a vraiment changé les choses», avait-il ajouté. Le report a dû être «une décision difficile mais compréhensible», a-t-il tweeté vendredi. «Les visites d’État sont un moment de célébration, et ce n’était pas le moment.»

La visite, minutieusement préparée depuis des mois, devait aussi remettre au centre de l’attention le roi Charles et son épouse, après des semaines de gros titres consacrés à la biographie du prince Harry, fils de Charles, et à sa docu-série avec son épouse Meghan sur Netflix, très critiques envers la famille royale.

Le roi Charles III, qui a accédé au trône le 8 septembre à la mort de sa mère la reine Elizabeth, est moins populaire qu’elle, et a dû aussi composer récemment avec les huées d’une poignée d’antimonarchistes lors de plusieurs déplacements. En tant que prince héritier, Charles était venu 34 fois en visite officielle en France depuis les années 1970.