Berne: L’ambassade de Chine indisposée par un journaliste suisse trop curieux

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BerneL’ambassade de Chine indisposée par un journaliste suisse trop curieux

Pour des photos prises en toute légalité, un agent de sécurité a appelé la police. La débauche de sécurité autour de l’ambassade chinoise à Berne crée des tensions.

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Les imposantes clôtures qui bordent le passage longeant l’ambassade de Chine à Berne.

Les imposantes clôtures qui bordent le passage longeant l’ambassade de Chine à Berne.

Franziska Rothenbuehler
La photo prise par le journaliste était moins compromettante que les images qu’on trouve sur Google, selon l’«Aargauer Zeitung».

La photo prise par le journaliste était moins compromettante que les images qu’on trouve sur Google, selon l’«Aargauer Zeitung».

Google Street View

Un journaliste du groupe alémanique CH-Media s’est fait remonter les bretelles, au mois d’octobre, par un agent de sécurité, alors qu’il prenait des photos de l’ambassade de Chine à Berne. Le sécu, employé d’une société suisse selon l’«Aargauer Zeitung», a demandé d’effacer immédiatement tous les clichés et exigé du journaliste qu’il décline son identité.

Ce dernier a rétorqué que photographier des maisons depuis la rue, soit depuis l’espace public, est parfaitement légal en Suisse. L’agent de sécurité ne l’a pas entendu de cette oreille et a appelé la police cantonale en renfort. Les pandores dépêchés sur place ont défendu le journaliste qui est effectivement dans son bon droit. Le quotidien alémanique soupçonne que les photos prises ce jour-là aux alentours de l’ambassade ne soient que la goutte qui a fait déborder le vase de Chine.

Police «embarrassée»

Le journaliste avait déjà pris en photo les mesures de sécurité prises par les autorités chinoises dans le quartier, principalement dans une ruelle piétonne bordée de hautes clôtures en métal et de caméras de surveillance. Le quotidien rapporte aussi que deux représentants de l’ambassade de Turquie, en costard et lunettes noires, s’en sont aussi mêlés lorsque la police est intervenue. Ils voulaient s’assurer qu’aucun de leurs bâtiments n’avait été immortalisé par le journaliste.

L’«Aargauer Zeitung» précise que tant la police que les agents de sécurité engagés subissent des pressions par les représentants de régimes autoritaires, qui croient pouvoir agir à Berne, avec autant de sévérité que dans leur pays. La police s’est par exemple montrée «embarrassée» par l’intervention d’octobre, mais fermerait quelque peu les yeux pour ne pas fâcher les ambassades étrangères.

Pas de toilettes pour les sécus

Le comportement de certains diplomates à Berne irrite les riverains, à l’instar des voitures de la délégation russe. Selon l’«Aargauer Zeitung», l’ambassade de Chine a racheté plusieurs bâtiments adjacents et le voisinage craint qu’un petit passage piétonnier soit bientôt fermé. Des témoins expliquent aussi que des toilettes ont dû être installées dans la rue car, auparavant, les agents de sécurité employés par Pékin devaient compter sur l’hospitalité des habitants durant leur service, car il leur était interdit de rentrer dans l’ambassade. Les riverains se plaignent aussi des agents de sécurité qui n’amendent pas les voitures diplomatiques mal garées alors que leurs propres invités n’y échappent pas.

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(jba)

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