Geneva Pride: «L’amour, c’est l’amour. On fait de mal à personne»

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Geneva Pride«L’amour, c’est l’amour. On fait de mal à personne»

Le défilé de la Marche des Fiertés a réuni 35’000 personnes, à Genève. Parmi leurs revendications, l’interdiction des «thérapies de conversion» dans toute la Suisse. Reportage.

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Le défilé est parti à 15h30 du Quai Wilson. 

Le défilé est parti à 15h30 du Quai Wilson. 

20min/Sébastien Anex
20min/Sébastien Anex
20min/Sébastien Anex

«Archaïque», «aberrant», «ahurissant», «révoltant», «horrible». Les mots pour décrire l’existence, aujourd’hui encore, des «thérapies de conversion» sont forts. Pour beaucoup, cette pratique, qui vise à «guérir» l'homosexualité, n’était plus d’actualité. «Je ne savais même pas que ça existait toujours», s’écrit Tobias. «Ça fait peur», renchérit son ami Orion. Samedi, 35’000 personnes ont défilé à Genève lors de la Marche des Fiertés, moment phare de la Geneva Pride. L’occasion de faire passer des revendications politiques fortes. L’interdiction au niveau national des thérapies de conversion en fait partie. 

«Il faut une unité dans tout le pays»

«Il est temps que la Suisse se mette à niveau avec ce qui se fait dans le reste de l’Europe. Les initiatives cantonales ne suffisent pas. Il faut une unité dans tout le pays. Beaucoup de «médecins» étrangers migrent en Suisse car ces thérapies ont été interdites ailleurs. Malheureusement, ici ce n’est pas encore le cas partout», regrette une Genevoise.

A l’heure actuelle, seul le canton de Neuchâtel a récemment sauté le pas. Les cantons du Jura, Vaud, Genève et Berne sont sur la même voie. Au niveau fédéral, le Conseil national a approuvé une motion en ce sens, il y a peu, mais le Conseil des Etats doit encore se prononcer. En Suisse, l'association faîtière des organisations gays du pays Pink Cross estime qu’environ 14'000 personnes LGBTQIA+ ont fait l’objet de «thérapies de conversion».

«On a l’impression de demander la lune»

«Je ne comprends pas comment c’est possible de tarder autant pour éviter des réalités aussi brutales, s’insurge Amalia. On est là. On existe. On fait de mal à personne. L’amour, c’est l’amour.»  «Ça fait des décennies que l’homosexualité n’est plus considérée comme une maladie. Qu’est-ce qu’ils attendent pour interdire ces thérapies?», abonde la responsable d’un réseau de femmes lesbiennes venu de Bienne. Pour Mat et Jo, «ces interdictions sont un message fort. Mais on a l’impression de demander la lune alors que c’est une évidence». 

J’espère qu’un jour, tous les garçons pourront mettre des robes.

Maman d’un petit garçon qui aime les robes à tutu 

«Aujourd’hui, c’est la journée des fiertés», lance une maman accompagnée de ses deux enfants, une fillette de 8 ans et un petit garçon de 5 ans. Celui-ci arbore fièrement une robe rose à tutu. «Aujourd’hui, il peut mettre sa robe sans avoir peur, mais j’espère que quand il sera grand, tous les garçons pourront mettre des robes quand ils le veulent. Je voulais lui montrer qu'il n’était pas seul. Qu’il voit que d’autres hommes s’habillent comme ils veulent.» 

Le cortège s’est déroulé dans une ambiance festive et familiale. Des participants et participantes ont afflué de toute la Suisse romande, du canton de Vaud, du Valais, en passant par Berne. La manifestation romande a également attiré du monde au-delà des frontières. C’est le cas d’un groupe de percussions afro-brésiliennes qui a fait le déplacement depuis Thonon-les-Bains, en France voisine, pour «faire du bruit et mettre l’ambiance». La Geneva Pride, qui se tient au bout du lac depuis mardi, se poursuivra samedi soir au Village des Fiertés au parc des Bastions. 

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