Braquage de Chavornay: L’ancien convoyeur s’en veut de ne pas avoir protégé sa fille

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Braquage de Chavornay (VD)L’ancien convoyeur s’en veut de ne pas avoir protégé sa fille

L’homme accuse son ex-collègue d’avoir livré des renseignements personnels aux voyous lyonnais et pointe des problèmes de sécurité dans le transport de fonds.

Richard Schittly
par
Richard Schittly
Le parking où s’est produit l’attaque d’un fourgon blindé, le 8 février 2018.

Le parking où s’est produit l’attaque d’un fourgon blindé, le 8 février 2018.

Laurent Crottet

«Je m’en veux énormément. Je l’ai laissée partir dans une grande ville, sans aucune sécurité, tout près de ce quartier de Vaulx-en-Velin.» A la barre de la Cour d’assises de Lyon (F), Abdelrahim B., courbé en deux, culpabilise depuis que sa fille a été séquestrée par les complices des malfaiteurs qui ont attaqué le fourgon blindé qu’il conduisait, le 8 février 2018 à Chavornay (VD)

49 minutes surréalistes au téléphone

Le père raconte les 49 minutes de conversation surréaliste de ce soir-là, lorsque sa fille l’a appelé pour lui dire de poser son arme sur le tableau de bord. «J’ai pensé que c’était une blague», témoigne l’ancien conducteur. Pour lui, les malfaiteurs étaient très bien renseignés: sur son adresse, sur celle de sa fille à Lyon, sur ses habitudes. Il accuse son ex-collègue de l’avoir trahi. Il se souvient de sa détermination à vouloir le raccompagner chez lui, un soir après le travail. «Il avait insisté, insisté… Ma maison était difficile à trouver», dit-il à la barre.

«Il y avait des problèmes de sécurité»

Dans le box des accusés, Yusuf K. fait non de la tête, conscient que cet élément pèse lourd dans la balance. Questionné par le président de la Cour, le témoin décrit les failles de sécurité des fourgons de transport de fonds. Porte latérale non verrouillée par le poste central, porte arrière pas toujours bien fermée, protocole non respecté, camions en panne… «Il y avait des problèmes de sécurité, pas seulement dans la société» qui l’employait, affirme Abdelrahim B. Après l’attaque, l’homme a été mis en arrêt de maladie et licencié. «J’ai perdu ma maison et mon travail.» Le procès se poursuit la semaine prochaine.

L’époustouflant témoignage de sa fille

«Tout est danger, tout est menace. J’en envie de me relever de tous mes traumatismes et
de toutes ces peurs qui me pèsent.» Sarah B. a déposé un témoignage d’une rare intensité,
vendredi à Lyon. La fille du convoyeur attaqué à Chavornay a raconté dans le détail sa
séquestration par les complices des braqueurs. Puis sa garde à vue le surlendemain des faits,
lorsque la police a injustement suspecté son père. «Je me suis fait menotter devant mes
petites sœurs, ça c’est inoubliable, c’est horrible. J’ai suivi toute la procédure que je ne
voyais que dans les séries. C’était surnaturel.» La jeune femme a expliqué les séances de psy
et d’hypnose pour se libérer du «stress post-traumatique» diagnostiqué par les médecins.
Sarah résume sa vie d’après: «J’ai envie de me dire que chaque personne que je croise
n’est pas une menace potentielle.»

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