FootballLausanne-Sport, quel spectacle!
Les Vaudois ont corrigé Zurich 4-0 samedi à la Pontaise. Surtout, ils ont à nouveau régalé l’assistance.
- par
- Florian Vaney, Lausanne

Cameron Puertas (à droite) a marqué un but de classe.
On pouvait craindre pour Aldin Turkes. Pas concernant ses qualités de joueurs, qui éclatent chaque week-end un peu plus au grand jour. Mais bien pour son état psychologique, après avoir perdu son binôme d’attaque, son camarade de but, son pote Andi Zeqiri. Alors le grand numéro 99 a montré une autre facette de son incroyable personnalité samedi à l’occasion de la réception de Zurich à la Pontaise: sa force mentale.
Soyons clairs, la première période du Lausanne-Sport a été magistrale. Celle de son buteur carrément stratosphérique. Intelligence de jeu, touché de balle, finition: voir évoluer Aldin Turkes a ce niveau-là est un régal. Et vu que le Bosnien a rangé la constance quelque part dans son attirail de footballeur, il est à lui seul un spectacle quasi permanent.
On ne brise donc aucun suspense en révélant que c’est de ses pieds qu’est tombée l’ouverture du score samedi. Mais sur ce coup-là, comme en ce qui concerne le début de championnat très abouti du LS, le mérite se veut multiple. La transversale de Cameron Puertas était parfaitement sentie, la transition entre Stjepan Kukuruzovic et Per-Egil Flo très bien assurée, et Turkes était là, où il fallait, pour couper le centre et tromper Yanick Brecher (12e).
En fait, ces 45 premières minutes peuvent être résumées en une image. D’un côté, un FC Zurich mené au score, déjà à bout de souffle et qui tente de gagner du temps pour respirer lorsque l’occasion se présente. De l’autre, un public lausannois qui veut continuer à profiter du spectacle et qui n’hésite pas à siffler le comportement zurichois. Alors, encore une fois, que son équipe est en route pour empocher les trois points. Le monde à l’envers.
Le bijou de Puertas
À l’exception de Moritz Jenz intronisé en défense centrale pour pallier la suspension de Mickäel Nanizayamo, Giorgio Contini avait choisi de reconduire le onze qui avait tenu en échec Lucerne dimanche dernier. Un onze déchaîné à qui aucun Zurichois, si ce n’est peut-être le gardien Yanick Brecher, n’a pu résister. Trois grosses parades du dernier rempart, ainsi qu’un sauvetage sur la ligne, ont empêché les Vaudois de doubler la mise.
Sauf que le Lausanne-Sport en veut tout simplement trop en ce début de saison. La rage concentrée dans l’immense frappe de Cameron Puertas ne saurait mieux le symboliser. Sans se poser de questions, le jeune milieu formé au Team Vaud a pris sa chance à plus de vingt mètres. Une fraction de seconde plus tard, son envoi avait surpris la lucarne de Yanick Brecher (41e). Lui aussi, l’ancien joueur de Forward-Morges, est en train de réussir son passage dans l’élite. Et le public lausannois reprenant de plus belle. «Y a pas plus fort que le Lausanne-Sport!»
C’est peut-être le seul petit sentiment d’amertume qui reste de cette soirée. Celui de ne pas avoir vu la Pontaise se garnir davantage (2300 spectateurs) alors que vient de sonner l’heure du grand retour du public dans les stades. Malheureusement, le phénomène n’est pas nouveau. Le dernier Lausanne-Sport à avoir vécu l’ascension en Super League, alors dirigé par Fabio Celestini, déployait à ses débuts un football tout aussi alléchant. Sans non plus en être récompensé par le compteur de spectateurs. Quoi qu’il en soit, bien heureux sont ceux à avoir pris le chemin des Plaines-du-Loup samedi soir.
Gourmandise
La seconde mi-temps vaudoise? Un mélange de gestion, de gourmandise parfois et, probablement aussi, de besoin de souffler. On avait déjà constaté le phénomène il y a deux semaines face à Servette: le LS avait parfaitement maîtrisé son sujet pendant 80 minutes, avant de se faire peur durant le dernier quart d’heure. En l’occurrence, Zurich a mis le nez à la fenêtre un peu plus tôt que les Grenat, mais aussi avec moins d’intensité. La preuve, peut-être, que les Lausannois s’améliorent lorsqu’il est question de conserver leur avantage. De toute façon, il est illusoire de penser que le Lausanne-Sport peut noyer ses adversaires de la première à la dernière minute chaque week-end.
Les hommes de Ludovic Magnin auraient pu réduire l’écart à une ou deux reprises (Mory Diaw a remporté son face-à-face avec Assan Ceesay à la 68e), ceux de Contini auraient pu le creuser, et vu que Nikola Boranijasevic tient la grande forme depuis la reprise, c’est la second option qui s’est produite. Un bon relais avec Cameron Puertas, une frappe sous la latte: 3-0 (76e).
Et même 4-0 douze minutes plus tard, sur une percée de la nouvelle recrue offensive Evann Guessand. On notera encore la belle performance de Joël Monteiro aux avant-postes, une semaine après son premier but chez les pros, ainsi que l’immense volume de jeu couvert une fois de plus par Stjepan Kukuruzovic. Trois matches, sept points: s’il est trop tôt pour se mettre à rêver, il est réconfortant pour les Vaudois de se dire que tout ce qui est fait n’est plus à faire. Surtout lorsque la manière est au rendez-vous.
Lausanne-Sport - Zurich 4-0 (2-0)
Stade de la Pontaise, 2300 spectateurs. Arbitre: Luca Cibelli.
Buts: 12e Turkes 1-0; 41e Puertas 2-0; 76e Boranijasevic 3-0; 88e Guessand 4-0.
LS: Diaw, E. Monteiro (80e Tsoungui), Loosli, Jenz; Boranijasevic, Puertas, Kukuruzovic (74e Barès), Flo; Schneuwly; Turkes (80e Guessand), J. Monteiro (66e Da Cunha). Entraîneur: Giorgio Contini.
Zurich: Brecher; Wallner (30e Schönbächler), Sobiech, Omeragic, Schättin (60e Tosin); Domgjoni (83e Seiler), Kryeziu (46e Nathan); Rohner, Marchesano, Kololli; Kramer (60e Ceesay). Entraîneur: Ludovic Magnin.
Avertissement: Boranijasevic (52e, jeu dur).