ChineLe calme de retour au Xinjiang
Le calme était de retour dimanche à Urumqi, capitale de la province chinoise du Xinjiang.
Les habitants se montraient satisfaits après le limogeage de deux responsables en poste au moment des émeutes meutrières de juillet, mais ils réclamaient des mesures supplémentaires.
Deux responsables - le secrétaire du parti communiste à Urumqi Li Zhi, et le chef régional de la police Liu Yaohua - ont été évincés samedi. L'agence officielle Chine nouvelle, qui a rapporté l'information, n'a pas donné les raisons de ces décisions.
Mais les deux hommes étaient en fonctions le 5 juillet, lorsque des émeutes interethniques ont fait 197 morts, pour la plupart des Hans, opposés aux Ouïgours, turcophones, proches des populations d'Asie centrale et majoritaires dans la province de l'extrême Ouest.
Deux mois après ces émeutes, la ville d'Urumqi, où les Hans sont majoritaires, a connu de nouveaux troubles cette semaine, lorsque les membres de cette ethnie ont manifesté contre les autorités locales, accusées de ne pas assurer leur sécurité et de ne pas avoir puni les émeutiers.
Des rumeurs ont en outre fait état d'une série mystérieuse d'attaques à la seringue qui ont attisé les tensions dans cette ville. Selon la municipalité, cinq personnes ont été tuées et 14 blessées jeudi dans ces incidents. Les dernières informations relatives à ces attaques semblent jeter le doute sur la thèse gouvernementale d'une action coordonnée par des séparatistes.
Boutiques rouvertes
Samedi, une partie des boutiques restées fermées la veille ont rouvert, les transports publics ont été au moins partiellement rétablis et certaines restrictions de circulation étant levées, davantage de voitures privées et de taxis étaient visibles dans le centre-ville, a constaté un correspondant de l'AFP.
Mais la sécurité restait maintenue à un niveau très élevé, avec la mobilisation de milliers de représentants de la PAP (Police armée populaire) dans les rues, toujours survolées par des hélicoptères.
Des centaines d'entre eux ont ainsi été déployés sur la place Nanhu, abritant des administrations, siège d'une manifestation importante jeudi, et où la police a dispersé un nouveau rassemblement vendredi en tirant des gaz lacrymogènes. Les rues alentour restaient fermées.
La municipalité a ordonné des contrôles de sécurité stricts des personnes et de leurs biens à l'entrée d'une trentaine de marchés, menaçant de fermer les marchés qui ne suivraient pas ces consignes, selon la presse.
Mesures supplémentaires exigées
Dimanche, des habitants âgés s'exerçaient au tai-chi devant les camions militaires alignées sur la Place du peuple, où des dizaines de milliers de Chinois Hans s'étaient massés jeudi pour demander la démission du secrétaire régional du Parti communiste Wang Lizhi, l'accusant de ne pas assurer leur sécurité.
Mais les habitants de la province réclamaient des mesures supplémentaires. Ces limogeages «auront un peu d'impact, mais ce n'est pas ce que nous souhaitions véritablement», a réagi Du Xuelian, un employé travaillant dans un magasin de lunettes à Urumqi. «Nous voulons qu'ils résolvent les problèmes, et changer les responsables n'est pas vraiment la solution», a-t-il estimé.
«Ces limogeages auront certainement des conséquences, mais, à long terme, régler les choses prendra du temps», a jugé Liu Jialong, employé d'un autre magasin de lunettes, «Nous espérons que leurs successeurs seront plus déterminés pour s'attaquer aux problèmes», a-t-il espéré.
(ats)