Corée du Nord : Le chef de l'armée relevé de ses fonctions

Actualisé

Corée du Nord Le chef de l'armée relevé de ses fonctions

Le chef de l'armée nord-coréenne, Ri Yong-Ho, a été «relevé de ses fonctions pour cause de maladie», a annoncé lundi l'agence de presse officielle de Corée du Nord (KCNA).

Ri Yong-Ho (à gauche) et Kim Jong-Un en avril dernier.

Ri Yong-Ho (à gauche) et Kim Jong-Un en avril dernier.

Lors d'une réunion du bureau politique du parti au pouvoir, il a été décidé «de relever Ri Yong-ho de toutes ses fonctions... pour cause de maladie», selon l'agence de presse. Une annonce publique inattendue dans ce pays très secret, qui selon les analystes signale la volonté du nouveau dirigeant de brider le pouvoir des militaires.

Ri Yong-ho, 69 ans, est considéré comme l'un des personnages clés ayant soutenu le jeune dirigeant Kim Jong-un lors de la période de transition du pouvoir qui a suivi la mort de son père, Kim Jong-il, en décembre dernier.

Le chef d'état-major, apprécié de Kim Jong-il, avait été nommé en 2009 à la tête de l'armée, forte de 1,2 million de soldats (pour une population de 24 millions), la quatrième du monde en termes d'effectifs.

Il avait été vu à plusieurs reprises ces derniers mois accompagnant le nouveau dirigeant lors de tournées dans des bases militaires. Il était présent lors de l'hommage rendu par Kim Jong-un à son grand-père Kim Il-sung à l'occasion de l'anniversaire de sa mort, début juillet.

Membre du présidium

Lors d'une réunion, dimanche, des hauts responsables du Parti des travailleurs, il a été décidé «de relever Ri Yong-ho de toutes ses fonctions (...) pour cause de maladie», a annoncé KCNA, l'agence de presse nord-coréenne, reçue à Séoul.

Le Parti des travailleurs, au pouvoir, est le seul à être autorisé en Corée du Nord, dictature communiste dirigée d'une main de fer depuis 1948 par trois générations de Kim (grand-père, père et fils).

Ri était membre du présidium du bureau politique, l'instance la plus puissante du pays où ne siègent qu'une poignée d'individus, et vice-président de la commission militaire centrale.

«Inhabituel»

Le ministère sud-coréen de l'Unification, chargé des relations entre les deux pays, a relevé le côté «inhabituel» de l'annonce de KCNA. «Que cela ait été annoncé aussi rapidement est très inhabituel. Nous étudions la situation avec intérêt», a déclaré à la presse un porte-parole du ministère.

Yang Moo-Jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes à Séoul, met en doute la raison officielle du départ du chef de l'état-major. Il rappelle que Pyongyang congédie rarement pour des raisons de santé les hauts dignitaires du régime, dont beaucoup sont très âgés.

«Il est peut-être tombé en disgrâce auprès de Kim Jong-un, ou a perdu une lutte de pouvoir avec d'autres dirigeants militaires», avance l'expert.

Renforcer le contrôle sur l'armée

Pour Paik Hak-soon, de l'Institut Sejong, le jeune dirigeant cherche à renforcer le contrôle du Parti communiste sur l'armée, devenue trop puissante à ses yeux sous la politique du Songun («l'armée d'abord») poursuivie par son père jusqu'en 2010.

«Jong-un va s'assurer que, désormais, le parti garde sous contrôle une armée qui a trop grossi, un effort que son père avait commencé à entreprendre fin 2010», un an avant sa mort, déclare l'analyste.

«Ri est une figure appartenant à la génération de son père. Jong-un va sans doute le remplacer par quelqu'un de plus jeune et de plus proche du parti, quelqu'un qu'il puisse contrôler plus aisément», a-t-il ajouté.

Signaux contradictoires

Depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-un, les experts et analystes qui étudient ce pays, l'un des plus secrets et isolés de la planète, tentent de décrypter les intentions du jeune homme: veut-il continuer dans la lignée de son grand-père et de son père, ou souhaite-t-il aller vers l'ouverture?

La question est d'importance pour Séoul, Washington, Pékin et la région en général, car la Corée du Nord est dotée d'armes nucléaires, chimiques, de milliers de missiles et d'une vaste armée. Jusqu'à présent, les signaux sont contradictoires.

Pyongyang emploie depuis janvier un ton de plus en plus virulent à l'égard de Séoul, qu'il menace régulièrement d'une «guerre sacrée».

Après la conclusion d'un accord avec les Etats-Unis sur une aide alimentaire, Pyongyang a semé la consternation en lançant une fusée - un essai déguisé de missile selon la communauté internationale. Mais Pyongyang a reconnu immédiatement l'échec de ce lancement - une première - et n'a toujours pas procédé à un troisième essai nucléaire, attendu pourtant par la plupart des experts occidentaux. (ats)

Ton opinion