votations DU 18 juinLe congé parental adopté à Genève, une première suisse
L’initiative des Vert’libéraux a largement passé la rampe. Les jeunes parents disposeront d’un total de 24 semaines de congé, dont 16 pour la mère.
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Les jeunes parents se partageront à l’avenir 24 semaines de congés payés à la naissance de leur enfant.
«C’est une première suisse. On a participé à écrire l’histoire!» Aurélien Barakat, président des Vert’libéraux genevois, est aux anges. Le canton du bout du lac a largement accepté (57,90% de oui) l’initiative de son parti sur le congé parental.
Le dispositif prévoit d’accorder un total de 24 semaines de congé aux couples accueillant un enfant, qu’ils soient hétérosexuels, homosexuels ou adoptifs. La mère (ou l’un des parents en cas d’union arc-en-ciel) obtiendra 16 semaines pour s’occuper de son bébé, comme c’est déjà le cas aujourd’hui. L’autre parent, lui, bénéficiera de huit semaines (depuis 2021, les pères disposent déjà de deux semaines, dans toute la Suisse). Le texte prévoit enfin que le couple puisse librement choisir de reporter deux semaines de l’un à l’autre.
«Une victoire pour les enfants»
«C’est une victoire pour tout le monde, estime Manuelle Pernoud, vice-présidente des Vert’libéraux. Pour l’homme, la femme, et le couple en particulier, avec cette possibilité très libérale de se transférer deux semaines. C’est aussi une victoire pour les enfants: il est important pour leur développement de créer des liens affectifs avec leurs deux parents.» Aurélien Barakat juge par ailleurs qu’il s’agit d’un projet en phase avec l’époque, puisque «de nos jours, les pères veulent s’impliquer».
Obtenir la garantie de Berne
Le conseiller d’Etat chargé du social, Thierry Apothéloz (PS), est lui aussi satisfait. «C’est un vrai pas en avant pour les familles, pour la conciliation des vies professionnelles et privées, et aussi pour la diversité des modèles familiaux.»
La suite des opérations tourne dorénavant autour de deux enjeux. «Obtenir la garantie fédérale de cette initiative», d’une part, puisqu’avec ce texte, «les entreprises ont l’obligation de prélever la cotisation (ndlr: entre 0,15% et 0,2% pour les employés comme pour les employeurs), mais pas d’accorder le congé», souligne le président du Conseil d’Etat Antonio Hodgers (les Verts). Magistrate chargée de l’Economie, Delphine Bachmann (Le Centre) relève néanmoins que l’objet «ne suscite pas d’opposition de la part des milieux patronaux».
Le casse-tête pour ne pas désavantager les femmes
La rédaction de la loi d’application (le texte voté est constitutionnel) constituera le second enjeu. Et là, le Conseil d’Etat «a entendu la crainte (ndlr: des partis de gauche qui combattaient tous cette initiative) de voir le congé maternité actuel être mangé», expose Thierry Apothéloz. Autrement dit, que dans certains cas, cédant deux semaines à son conjoint, la femme n’ait plus que quatorze semaines de congé, contre seize à ce jour. «Le Conseil d’Etat n’y est pas favorable.»
Pour pallier ce risque, l’exécutif n’a pas voulu dévoiler ses plans, mais il semble qu’il envisage de rédiger une loi prévoyant dix-huit semaines de congé pour la femme. Ainsi, si celle-ci en cédait deux, elle en conserverait seize. A titre personnel, Thierry Apothéloz s’est donc déclaré favorable à un modèle «dix-huit semaines pour la femme, huit pour l’homme», Nathalie Fontanet (PLR), chargée des Finances, paraissant pour sa part préférer une option avec moins de semaines pour l’homme.
«Prendre garde à ne pas perdre trois ans»
Interrogé par la suite à ce sujet, Aurélien Barakat s’est montré très clair. Vu l’initiative votée, «le Conseil d’Etat ne peut pas aller en dessous de seize semaines pour la femme et huit pour l’homme». Quant à la possibilité d’en ajouter deux pour les mères, il est dubitatif. «Il faut prendre garde à ne pas perdre trois ans avec un référendum parce que les milieux patronaux ne veulent pas.» En effet, observe-t-il, accorder deux semaines de plus aux femmes, «cela signifie 30% de coûts en plus».