ImmigrationLe Conseil fédéral rejette l'initiative de l'UDC
L'initiative de l'UDC «contre l'immigration de masse» n'est pas compatible avec l'accord sur la libre circulation des personnes. Le Conseil fédéral recommande de la rejeter sans contre-projet.
La Suisse doit continuer à accueillir différemment les étrangers venus de l'UE et ceux des pays extracommunautaires. A la demande du Parlement, le Conseil fédéral a adopté mercredi un rapport sur la libre circulation et l'immigration qui conforte le système actuel d'admission.
L'immigration de ces dernières années a des effets largement positifs sur l'évolution économique de la Suisse et lui permet de préserver sa prospérité, conclut le gouvernement dans l'analyse. Le système binaire d'admission offre les meilleures conditions pour faire face aux défis futurs, estime-t-il.
La Suisse devrait dépasser cette année le cap des 8 millions d'habitants, a rappelé devant la presse Simonetta Sommaruga. «Y a-t- il de la place pour tout le monde, me demande-t-on souvent. Mais on ne peut pas dire s'il y a assez de place, ce qui est décisif, c'est l'acceptation de la population.»
Non à l'initiative de l'UDC
Selon le rapport, la migration pose un certain nombre de défis, mais prétendre les résoudre par des quotas est illusoire. Réintroduire des plafonds pour tous les étrangers et accorder la priorité des Suisses sur le marché du travail - comme le prévoit l'initiative de l'UDC «contre l'immigration de masse» - entraînerait vraisemblablement la dénonciation de la première série d'accords bilatéraux conclus avec l'Union européenne (UE).
Ce serait très grave pour l'économie suisse, a souligné la ministre de justice et police. Le Conseil fédéral recommande donc sans surprise de rejeter le texte sans contre-projet. Il devrait transmettre son message au Parlement d'ici la fin de l'année.
Réformes internes
Son rapport sur la libre circulation des personnes et l'immigration en Suisse n'écrit pas pour autant que tout va bien. En accroissant la population, l'immigration pose un certain nombre de défis concernant l'intégration, le logement, la planification des infrastructures et l'aménagement du territoire.
Les étrangers ne sont souvent pas à l'origine des problèmes, mais ils les accentuent, a précisé Mme Sommaruga. Pour y remédier, le Conseil fédéral a notamment chargé l'Office fédéral du logement de favoriser la mise à disposition de terrains pour des constructions d'utilité publique pour élargir l'offre d'appartements bon marché.
Le mandat d'examen est limité et ne devrait pas révolutionner l'encouragement de la construction de logements, a relativisé le directeur de l'office Ernst Hauri. Ce domaine est largement de la compétence des cantons.
Le Conseil fédéral veut également encourager les entreprises à assumer leurs responsabilités. En renvoyant par exemple leurs nouveaux employés aux programmes d'intégration existants. L'économie ne doit pas seulement intégrer les gens sur le marché de l'emploi, elle a aussi une responsabilité sociale, a justifié le chef de l'Office des migration Mario Gattiker.
Main d'oeuvre indigène
Les entreprises doivent par ailleurs être incitées à recourir à la main-d'oeuvre dont elles ont besoin en Suisse. Le Conseil fédéral préconise l'élimination d'obstacles à la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle ou la mise sur pied d'un système de garde d'enfants fiable.
Il compte encore s'occuper avec un engagement accru des conséquences de l'immigration en Suisse. Il envisage d'instituer une commission interdépartementale chargée de se prononcer régulièrement sur la question. (ats)