Le dalaï-lama demande un soutien mondial pour dialoguer avec Pékin
Le dalaï-lama a appelé mercredi les dirigeants du monde entier à l'aider à «dialoguer» avec la Chine pour résoudre le conflit sur le Tibet.
Le chef spirituel des Tibétains a exhorté Pékin à la «retenue» dans sa gestion des troubles.
«Nous restons engagés dans la poursuite du processus de dialogue afin de trouver une solution à la question tibétaine qui bénéficie aux deux parties», a indiqué le dalaï-lama dans un communiqué.
«Je cherche aussi l'appui de la communauté internationale à nos efforts pour résoudre les problèmes du Tibet par le dialogue et je la presse d'appeler les dirigeants chinois à la plus grande retenue face aux troubles actuels», a-t-il poursuivi depuis Dharamsala, dans le nord de l'Inde, où il est réfugié depuis 1959.
«Lutte à mort»
Cette déclaration conciliante à l'égard de Pékin, appelant à rouvrir des négociations sur une éventuelle autonomie du Tibet est intervenue le jour où la Chine a affirmé avoir engagé une «lutte à mort» dans cette région.
Le premier ministre Wen Jiabao a même assuré avoir «les preuves» que les émeutes à Lhassa avaient été «fomentées et organisées par la 'clique du dalaï-lama'» pour «saboter les Jeux olympiques» de Pékin.
Le dalaï-lama a dans le même temps répété mercredi que la Chine commettait une «sorte de génocide culturel, qu'il soit intentionnel ou pas, au Tibet où l'identité tibétaine est en permamance attaquée». «Il n'y a pas de liberté religieuse au Tibet. Réclamer juste un peu plus de liberté, c'est prendre le risque d'être taxé de séparatisme», a poursuivi le dirigeant.
Enquête internationale
Il a relancé son appel à une enquête internationale, impliquant des «représentants chinois (...) puisque le gouvernement chinois m'a accusé d'avoir orchestré les manifestations au Tibet».
«Je crois que ces manifestations qui ont lieu au Tibet sont une éruption spontanée de ressentiments qui se sont accumulés après des années de répression», a-t-il conclu.
Les autorités chinoises ont affirmé mercredi que 105 personnes impliquées dans les manifestations de vendredi à Lhassa s'étaient rendues mardi. Les émeutes dans la capitale du Tibet ont fait 13 morts, vendredi, selon un bilan officiel.
Les Tibétains en exil parlent de 100 morts, voire de centaines de victimes, non seulement au Tibet mais dans d'autres régions où les manifestations s'étaient propagées. Toute confirmation de la part des journalistes étrangers est rendue difficile par l'interdiction d'accéder au Tibet ou dans les régions où vivent les minorités tibétaines.
Position ambivalente
Confronté au plus grand mouvement tibétain depuis deux décennies, le dalaï-lama est ambivalent face à la Chine: il ne cesse de dénoncer le «régime de terreur» chinois, tout en plaidant pour que «Tibétains et Chinois vivent côte à côte, en harmonie». Il refuse aussi d'appeler au boycottage des JO que Pékin «mérite», selon lui, d'accueillir.
Chef spirituel et dirigeant politique pragmatique, le dalaï-lama a renoncé à revendiquer l'indépendance et a choisi une diplomatie dite de la «voie moyenne» consistant à reclamer une large «autonomie culturelle». Réaliste, il sait que la Chine ne reviendra jamais sur sa souveraineté sur le Tibet qu'elle contrôle depuis 1951.
L'entourage du dalaï-lama et le gouvernement en exil négocient depuis 2002 avec des responsables chinois. Mais la position de Pékin s'est «durcie» en 2006, selon le dalaï-lama, et les derniers contacts remontent à juin-juillet 2007.
Flamme olympique
Mercredi, la Chine a annoncé maintenir le passage de la flamme olympique sur l'Everest, malgré les événements au Tibet. La plus haute montagne du monde est accessible depuis le Tibet, au nord, ou depuis le Népal, au sud.
Pékin a par ailleurs affirmé ne pas craindre un boycottage des Jeux de Pékin. Reporters sans frontières (RSF), notamment, a appelé les chefs d'Etat au boycottage de la cérémonie d'ouverture, sans rencontrer beaucoup d'adhésion jusqu'ici.
(ap)