Erreurs de gestionLe directeur du renseignement US s'en va
Le directeur du renseignement américain a démissionné «à regret» jeudi, marquant le premier départ d'un haut responsable de l'équipe de Barack Obama.

Dennis Blair a passé 16 mois à son poste.
Sous pression après une série d'erreurs de ses services, Dennis Blair était aussi en conflit avec la CIA.
M. Blair a annoncé son départ pour le 28 mai dans un communiqué. Plusieurs «candidats forts» ont déjà été auditionnés pour le remplacer, selon un responsable de l'administration. Le directeur du renseignement coordonne 16 agences gouvernementales mobilisant 200 000 personnes, avec un budget de 75 milliards de dollars.
Dennis Blair a passé 16 mois à son poste. Cette période a été marquée par des conflits internes avec la CIA et par des critiques virulentes, notamment après l'attentat avorté le jour de Noël contre un avion de ligne reliant Amsterdam à Detroit. M. Blair s'était également montré très discret après la nouvelle tentative d'attentat le 1er mai à Times Square en plein centre de Manhattan.
Dysfonctionnements
Un rapport publié cette semaine par le Sénat estimait que les agences du renseignement et de la lutte contre le terrorisme avaient commis des erreurs humaines et techniques dans la prévention de cette tentative d'attentat.
Il relevait de graves dysfonctionnements au sein du système de renseignement américain. La commission du Renseignement du Sénat estime en outre que des «failles systémiques» ont permis le jour de Noël au jeune Nigérian de monter à bord de l'avion puis de tenter d'actionner des explosifs qu'il avait dissimulé sous ses vêtements.
Leon Panetta
En coulisses, Blair entretenait en outre des relations conflictuelles avec le directeur de la CIA, Leon Panetta, ce qui alimentait les doutes au sein de l'administration sur sa capacité à conserver son poste. Le directeur du renseignement national chapeaute les services en charge de ce secteur, mais son contrôle sur la CIA et ses activités demeure limité.
M. Panetta possédait de nombreuses relations au sein de l'appareil politique américain. Il a notamment été membre du Congrès, secrétaire général de la présidence et président d'importantes commissions parlementaires.
Brusque
En raison de son tempérament brusque et direct, Blair a aussi heurté des sensibilités à la Maison blanche qui reste fidèle à un style plus policé, a expliqué un reponsable américain. Dans la bureaucratie américaine, Blair se trouvait en butte à la controverse depuis le début.
Au-delà des récents ratages de la communauté des agents secrets, le départ de M. Blair promet de provoquer un débat sur le bien-fondé du poste de directeur du renseignement. Il avait été créé en 2004 après le fiasco des armes de destruction massive soi-disant détenues par l'Irak.
Paradoxe
Le but était d'avoir une direction unique et forte à la tête d'une vaste bureaucratie et de garantir une synergie entre des services parfois en concurrence. Mais le directeur n'a paradoxalement jamais bénéficié d'une autorité directe sur les membres et le budget des différents services, ni sur les missions d'espionnage de la CIA.
Alors que M. Blair cherchait à obtenir plus de contrôle sur la célèbre agence d'espionnage de Langley, en particulier sur les frappes conduites par les drones et autres opérations au Pakistan, la Maison Blanche aurait tranché fin décembre en faveur de la CIA, en maintenant son autorité directe sur les missions secrètes menées à l'étranger, selon la presse américaine.
(ats)