NicaraguaLe gouvernement s’explique sur l’arrestation d’opposants
19 opposants, dont cinq potentiels candidats à la présidentielle de novembre, ont été arrêtés récemment par le gouvernement au Nicaragua.

Parmi les opposants arrêtés figure la journaliste Cristiana Chamorro, 67 ans, fille de l’ex-présidente Violeta Chamorro (1990-1996) et considérée comme la rivale la plus sérieuse de Daniel Ortega.
Le gouvernement du Nicaragua a affirmé mardi que les arrestations d’opposants, dont cinq potentiels candidats à la présidentielle de novembre, n’étaient pas «politiques» mais répondaient à des menaces de «coup d’État».
«Ce n’est pas pour des raisons politiques, mais en raison d’indices de la commission de délits clairement spécifiés dans les lois du Nicaragua», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Denis Moncada, dans un entretien à la chaîne de télévision Telesur.
Au total, 19 opposants ont été arrêtés depuis le 2 juin, dont cinq aspirants à la présidence du pays d’Amérique centrale dirigé depuis 2007 par Daniel Ortega, 75 ans, qui pourrait briguer un quatrième mandat. Selon le ministre, trois d’entre eux sont poursuivis pour des délits «en relation avec la direction de coups d’État, (…), des activités liées au terrorisme» et contre «l’indépendance et la souveraineté» du pays.
Résidence surveillée
Parmi les opposants arrêtés figure la journaliste Cristiana Chamorro, 67 ans, fille de l’ex-présidente Violeta Chamorro (1990-1996) et considérée comme la rivale la plus sérieuse de Daniel Ortega. Accusée de blanchiment d’argent à travers la fondation de défense de la liberté de la presse qu’elle préside et qui porte le nom de sa mère, elle a été placée en résidence surveillée.
«Ceux qui sont poursuivis (…) ne sont pas des candidats à la présidentielle, ce sont les directeurs d’organismes non gouvernementaux qui reçoivent des financements du gouvernement des États-Unis et de l’Union européenne, et les destinent précisément à la déstabilisation du pays», a ajouté le ministre.
Mardi, le journaliste Carlos Fernando Chamorro, le frère de Cristiana et directeur de médias en ligne critiques vis-à-vis du pouvoir, a annoncé avoir fui le pays avec son épouse pour «sauvegarder» sa liberté. Selon lui, «après une perquisition» à son domicile lundi, «trois véhicules avec des civils à bord ont surveillé» l’habitation de sa mère jusqu’à l’aube.
«Continuer la lutte pour la démocratie et la liberté»
L’ancienne présidente Violeta Chamorro, 91 ans, qui avait battu dans les urnes en 1990 l’ex-guérillero Daniel Ortega, alors au pouvoir depuis 1979, est affaiblie depuis plusieurs années par des problèmes de santé. Le journaliste Sergio Marin Cornavaca, directeur du média en ligne La mesa redonda (La table-ronde) a également quitté le pays après des menaces de la part de partisans du pouvoir, a-t-il annoncé sur Twitter.
L’ancien guérillero et ex-vice-ministre de l’Intérieur pendant la révolution sandiniste, Luis Carrion, a lui aussi annoncé sur le réseau social son départ du Nicaragua «pour continuer la lutte pour la démocratie et la liberté de tous les prisonniers politiques».
En 2018, le pays a été secoué par une contestation exigeant la démission de Daniel Ortega et de son épouse Rosario Murillo devenue vice-présidente en 2016, accusés par leurs détracteurs d’avoir instauré une «dictature» marquée par la corruption et le népotisme. Une violente répression a fait 328 morts, des centaines d’opposants ont été emprisonnés et plus de 100’000 Nicaraguayens se sont exilés.