Asie centraleLe Kirghizstan appelle à la paix avec le Tadjikistan
Le président du Kirghizstan Sadyr Japarov a appelé dimanche au respect du cessez-le-feu conclu avec le Tadjikistan.

Des hommes kirghizes pris en photo ce dimanche en périphérie du village de Maksat, près de la frontière avec le Tadjikistan.
Le président du Kirghizstan Sadyr Japarov a appelé dimanche au respect du cessez-le-feu conclu avec le Tadjikistan après les pires affrontements frontaliers entre ces deux pays d’Asie centrale en 30 ans. Dans une adresse à la Nation, M. Japarov a proposé la création d’une «commission de maintien de la paix» composée des aînés des communautés kirghizes et tadjikes des zones contestées, «afin de prévenir de nouveaux conflits».
«Aucun des deux camps ne doit permettre une poursuite des affrontements armés!», a lancé Sadyr Japarov. Les deux ex-républiques soviétiques ont signé jeudi une trêve pour mettre fin aux violences. Mais les tirs se sont poursuivis des deux côtés vendredi et samedi, selon Bichkek, poussant à une rencontre des chefs des Comités de sécurité nationale tadjike et kirghize.
Depuis, la trêve a tenu sans incidents, selon Bichkek. Les chefs des Comités de sécurité ont également signé un protocole sur la délimitation de la frontière, sans toutefois en détailler le contenu. Selon Bichkek, les violences ont fait au moins 34 morts côté kirghiz, dont 31 civils, et plus de 120 blessés. Le Tadjikistan, pays autoritaire et fermé, n’a lui quasiment pas communiqué sur son bilan et fait état de seulement deux blessés.
De larges portions de frontière n’ont pas été démarquées en Asie centrale depuis la dislocation de l’URSS, provoquant de fréquentes tensions ethniques accentuées par une lutte pour l’accès aux ressources. Les combats qui ont éclaté jeudi sont toutefois les plus meurtriers entre le Tadjikistan et le Kirghizstan depuis leur indépendance en 1991. Ils ont été signalés dans plusieurs zones frontalières, notamment autour de l’enclave tadjike de Voroukh où les deux pays se disputent l’accès à l’eau.
60’000 déplacés
Selon le Croissant Rouge, près de 60’000 personnes ont été déplacées. Le président kirghiz les a encouragées dimanche à revenir chez elles. Dimanche, les secours kirghiz ont indiqué que deux écoles et 78 maisons avaient brûlé lors de ces combats. Réclamant vengeance, plusieurs milliers de Kirghiz ont manifesté samedi à Bichkek, demandant à être armés et envoyés au front, ce que le gouvernement a refusé.
Le ministère kirghiz de l’Intérieur a annoncé dimanche avoir ouvert 11 enquêtes criminelles visant des citoyens tadjiks, notamment pour meurtre et franchissement illégal de la frontière. Le Kirghizstan a aussi accusé Douchanbé d’avoir violenté 10 de ses citoyens qui, selon lui, ont été retenus en otages avant d’être libérés samedi soir. Le ministre kirghiz de la Santé, Alymkadyr Beïchenaliev, a affirmé que ces personnes avaient été «frappées avec des bâtons» lors de leur détention et que neuf d’entre elles avaient dû être hospitalisées après leur libération.
Malgré les heurts, les contacts entre le Tadjikistan et le Kirghizstan se sont maintenus pour apaiser la situation. Sadyr Japarov et son homologue tadjik Emomali Rakhmon se sont appelés à deux reprises et ont convenu de se rencontrer prochainement. La Russie, puissance régionale, et l’Ouzbékistan voisin ont aussi proposé leur médiation.