Proche-OrientLe Liban peine à sortir de la crise des déchets
La crise avait éclaté après la fermeture à la mi-juillet de la décharge proche de Beyrouth. La mesure avait provoqué l'accumulation de déchets dans les rues.

La crise avait éclaté après la fermeture à la mi-juillet de la décharge de Naameh, à l'extérieur de Beyrouth, la principale du Liban.
Le gouvernement libanais a approuvé dans la nuit de mercredi à jeudi un plan pour mettre fin à la crise des déchets qui a déclenché un mouvement de colère contre la classe politique. Mais le projet a été accueilli fraîchement. Des militants mettent en doute le sérieux du gouvernement.
Ce plan a été annoncé au terme d'une réunion marathon de plus de six heures du Conseil des ministres, alors que se déroulait une nouvelle manifestation populaire dans le centre de Beyrouth. Il prévoit la réhabilitation temporaire de deux déchetteries avant de transférer la responsabilité du traitement des déchets aux municipalités sur l'ensemble du territoire libanais.
La crise avait éclaté après la fermeture à la mi-juillet de la décharge de Naameh, à l'extérieur de Beyrouth, la principale du Liban. La mesure avait provoqué l'accumulation de déchets dans les rues.
Face aux atermoiements du gouvernement pour résoudre le problème, des campagnes citoyennes ont vu le jour. La plus importante s'est baptisée «Vous puez», à l'adresse des personnalités politiques.
Opposition des riverains
Selon le ministre, la décharge de Naameh sera rouverte pendant une semaine seulement afin d'y déposer rapidement les ordures qui se sont accumulées dans Beyrouth et ses faubourgs. Mais cette proposition pourrait susciter des oppositions, des résidents vivant aux abords du site ayant fait savoir qu'ils ne toléreraient sa réouverture.
Le plan prévoit aussi le réaménagement de deux déchetteries, l'une à Masnaa, près de la frontière avec la Syrie, l'autre à Akkar, une région pauvre du nord du Liban.
Celles-ci sont déjà utilisées comme des déchetteries locales, mais le gouvernement compte les réhabiliter pour qu'elles reçoivent les ordures de Beyrouth et du Mont-Liban (centre) qui, contrairement aux autres régions, ne disposent pas de décharges.
Même problème dans 18 mois
Une campagne, intitulée «Akkar n'est pas un dépotoir», a d'ores et déjà rejeté cette initiative. Les militants de «Vous puez», qui doivent encore réagir officiellement, doutent du sérieux du gouvernement.
«Nous approuvons le transfert des responsabilités aux municipalités, mais ce point n'est pas détaillé de manière claire et transparente», a déclaré Lucien Bourjeily, membre de la campagne «Vous puez». «Ce sont des solutions partielles».
Même des membres la commission ad hoc présidée par le ministre de l'Environnement se sont montrés prudents. «Après 18 mois, si les municipalités ne sont pas prêtes, les ordures seront de nouveau dans la rue», a prévenu l'un d'eux, Bassam Kantar.
Etat paralysé
La contestation provoquée par la crise des déchets a pris une dimension politique. En cause, l'incapacité du gouvernement à prendre des décisions, la vacance du poste de président de la République depuis plus d'un an et la décision du Parlement de proroger son propre mandat à deux reprises depuis 2009.
Profondément divisé entre deux blocs, le Parlement, qui élit le président, n'est pas parvenu à un choix, même après 28 tentatives. Le gouvernement actuel, formé il y a 18 mois sous le slogan de «l'entente nationale», réunit ces deux camps qui s'accusent mutuellement d'être à l'origine de la crise. (nxp/ats)