Suisse: Le LSD perce dans le monde de l'entreprise

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SuisseLe LSD perce dans le monde de l'entreprise

Le psychotrope des hippies est de retour. Parmi les firmes où il séduit en Suisse des cadres en quête de performance.

smk/nxp
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Après la guerre, Sandoz a mis au point une préparation-test du LSD 25 à la disposition des chercheurs sous le nom de Delysid.

Après la guerre, Sandoz a mis au point une préparation-test du LSD 25 à la disposition des chercheurs sous le nom de Delysid.

Le diéthylamide de l'acide lysergique ou LSD retrouve une seconde jeunesse. Ce psychotrope hallucinogène très prisé par les hippies dans les années 60 connaît un retour en grâce sous la forme de micro-doses, et principalement en entreprise, explique le «Tages-Anzeiger» dans son édition du 1er décembre 2016.

Le phénomène, sous la force de micro-doses de huit à dix microgrammes, a pris ses quartiers dans la Silicon Valley, comme s'en fait l'écho la presse américaine. Le prix de ces micro-doses, ingérées deux à trois fois par semaine, se monte à 30 centimes l'unité.

En Suisse aussi

La Suisse s'y est également mise, le produit étant en vogue parmi certains cadres d'entreprises qui l'ingurgitent à l'aide d'un spray. Pas question de «planer», comme ils l'ont précisé au quotidien zurichois, car le LSD sous forme de micro-doses renforce les capacités de concentration et la créativité. Des valeurs recherchées dans l'univers des technologies.

Le LSD provoque en outre une dépendance et une dégradation jugées moindres que d'autres produits dopants comme la cocaïne. Le produit est toujours considéré comme une drogue dans de nombreux pays. En Suisse, il est soumis à une autorisation spéciale pour la recherche.

Pour doper sa performance

«Il est prouvé que le LSD provoque des schémas de pensée non conventionnels et plus flexibles», a confirmé le professeur Franz X. Vollenweider, directeur du groupe de recherche sur la neuropsychopharmacologie et l'imagerie mentale à l'Université de Zurich.

Mais à ses yeux, la prise de micro-doses de LSD pour doper la performance crée un problème car la frontière est étroite entre créativité et faillite intellectuelle. «Cela pose des questions d'ordre sociétal.»

Effets à long terme

Koni Wäch, du bureau d'informations sur les drogues Eve & Rave, confirme que le LSD est bien implanté en Suisse, certains se renseignant sur ses capacités dopantes. Il explique que ses adeptes y ont été initiés par des connaissances ou dans le monde de la fête.

C'est ainsi que se fournissent les cadres interrogés par le «Tages-Anzeiger». Ils ne craignent pas l'effet de dépendance, évoquent pour certains la baisse de leurs angoisses et ils apprécient l'effet à long terme des micro-doses. «D'une point de vue neuropsychiatrique, c'est un des sujets les plus intéressants et les plus actuels», a ajouté le professeur Vollenweider.

Cette tendance s'inscrit le course à la performance. La Suva avait déjà mis en en avant en 2013 que des employés avaient recours à des médicaments pour être meilleurs au travail et réduire leur stress. Dans le cadre d'un sondage réalisé en Allemagne, de 5 à 20% des étudiants des universités en Allemagne reconnaissaient avoir recours à des «stimulants».

Le LSD, une invention suisse

Le LSD est synthétisé pour la première fois en 1938 par les chimistes suisses Arthur Stoll et Albert Hofmann. C'est ce dernier qui en découvre les effets hallucinogènes en 1943 en s'auto-administrant par voie orale une dose de 250 microgrammes.

Le LSD a été interdit aux USA dès 1966 et par la suite, dans la plupart des pays. Les recherches actuelles sur les effets du produit porte sur des micro-doses.

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