Toronto: Le maire dénonce l'absence de preuve

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TorontoLe maire dénonce l'absence de preuve

Les avocats du maire de Toronto ont tenté vendredi de desserrer l'étau autour de leur client, empêtré dans une affaire de vidéo le montrant entouré de trafiquants de drogue présumés dans une maison réputée être un lieu de consommation de crack.

«Une image vaut un millier de mots», a estimé vendredi Dennis Morris, avocat de Rob Ford en demandant que la police diffuse au grand public la vidéo dans laquelle le maire serait vu en train de tirer sur une pipe dans un lieu fréquenté par des fumeurs de crack, puissante drogue dérivée de la cocaïne.

La veille, le chef de la police de Toronto, Bill Blair avait annoncé que ses services avaient mis la main sur la vidéo où «le maire apparaît» sur des images «précédemment décrites par la presse». En lâchant cette bombe, la police a donné du crédit aux assertions du quotidien «Toronto Star» qui a en premier révélé l'existence d'une vidéo montrant la consommation de crack par le maire Rob Ford.

Le chef de la police «ne dit pas que le maire était en train de fumer du crack», a nuancé l'avocat Dennis Morris sur Radio Canada. «Je presse le chef de la police de diffuser la vidéo au plus vite pour laisser les citoyens juger de ce qu'ils voient». La défense du maire Rob Ford est claire: voir Rob Ford fumer une pipe ne constitue pas un élément de preuve. Cela ne permet pas de déterminer si il fume en toute légalité du tabac ou si des poursuites pénales, au cas où il fumerait du cannabis, ou criminelles dans le cas de la cocaïne, peuvent être engagées.

Rob Ford, 44 ans, a toujours nié avoir consommé du crack tout en reconnaissant son penchant pour le cannabis.La police a transmis à la justice des centaines de pages de son enquête, avec de multiples photos de lieux ou de personnages clés de l'affaire, la transcription des écoutes téléphoniques ou encore les détails des filatures menées depuis le printemps. Le chef de la police a reconnu jeudi qu'à ce stade aucun élément ne permettait d'engager des poursuites criminelles contre le maire.

Des extraits sont maintenant diffusés dans la presse sur des rencontres ou des conversations téléphoniques entre le maire et des individus liés au trafic de stupéfiants. Un proche du maire et son chauffeur occasionnel, Alexander Lisi, est poursuivi pour «extorsion» pour avoir tenté, sous la menace, de récupérer la vidéo filmée à partir d'un téléphone portable afin de la faire disparaître. A partir du matériel informatique saisi, la police scientifique a pu récupérer des fichiers, dont la fameuse vidéo, qui avaient été effacés d'un disque dur d'ordinateur, avait expliqué jeudi le patron de l'enquête.

Présenté vendredi au tribunal de Toronto, Alexander Lisi a été libéré sous caution avec interdiction d'entrer en contact avec tous les suspects de l'affaire comme Mohammed Siad, présenté comme celui qui cherchait à vendre la vidéo aux médias. Il doit également rester à l'écart de la maison où des photos du maire et des dealers auraient été prises et où, selon le Toronto Star, Lisi aurait menacé les résidents pour tenter de connaître les auteurs de la vidéo.

Vendredi les appels à la démission du maire se multipliaient et les éditoriaux des grands journaux étaient au vitriol. «Toronto mérite mieux que Ford» écrit le «Globe and Mail» dans son éditorial. «Le maire doit se retirer» a titré celui du Sun de Toronto longtemps fidèle du maire. Fier de son enquête qui a mis à jour toute cette affaire, le «Toronto Star» a énuméré toutes les raisons pour lesquelles Rob Ford devrait démissionner. Et de conclure: «Il devrait démissionner, mais n'attendez pas que cela arrive bientôt, pour une raison simple: Rob Ford n'est pas un homme d'honneur.» (ats)

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