Ozempic: Le médicament minceur cartonne sur TikTok et inquiète les médecins

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OzempicLe médicament minceur cartonne sur TikTok et inquiète les médecins

Destinée à l’origine aux diabétiques, la pilule «minceur» est régulièrement en rupture de stock, au grand dam de ces derniers. De plus, le médicament n’est pas exempt d’effets secondaires.

AFP

L’inquiétude n’est pas nouvelle. En décembre 2022 déjà, les influenceurs s’étaient emparés de ce médicament miracle, à l’origine destiné aux diabétiques, et censé faire perdre du poids, ce qui avait provoqué des ruptures de stocks un peu partout.  Récemment, c’est sur Tik Tok que les vidéos liées à ce traitement cartonnent. Sur le réseau social favori des plus jeunes, le mot-clé #Ozempic culmine actuellement à plus de 500 millions de vues. Mais le phénomène engendre des tensions d'approvisionnement et inquiète les médecins. La Suisse est aussi concernée, «24 Heures» soulevait il y a quelques jours des ruptures de stock dans notre pays.

«J'ai commencé Ozempic il y a six semaines», raconte une tiktokeuse américaine dans une vidéo vue près de 100’000 fois. En legging et brassière de sport, la jeune femme, visiblement bien plus mince que sur ses photos d'«avant» continue: «Je n'ai fait aucun exercice, je me suis juste injecté le produit!».

Traitement de l'obésité

L'Ozempic, remède miracle? Ce produit injectable est en fait indiqué pour «le traitement du diabète de type 2 insuffisamment contrôlé» chez les adultes, précise le laboratoire Novo Nordisk, qui le commercialise en France depuis 2019. Le médicament ralentit aussi la vidange de l'estomac, diminuant de fait l'appétit et engendrant des pertes de poids importantes, de l'ordre de 10% en un an. 

Jean-François Thébaut, de la Fédération des diabétiques, s'inquiète d'une éventuelle «ruée» des Français sur le Wegovy quand il sera sur le marché national, d'autant que le sémaglutide est «extrêmement efficace» contre le diabète. La spécialiste de l'obésité Karine Clément, de l'Inserm, insiste sur la nécessité, quand Wegovy sera disponible, de «bien cadrer sa prescription». «Il ne s'agit pas d'un médicament magique. Comme toujours dans l'obésité, il doit être accompagné d'une prise en charge globale».

Les effets secondaires inquiètent

Les médecins s’inquiètent aussi des effets secondaires du sémaglutide, «sous-notifiés» selon le Pr Faillie, en charge de sa pharmacovigilance. «C’est le problème hors des clous: ni les patients ni les prescripteurs ne sont motivés pour déclarer» d’éventuels effets secondaires.

Outre des nausées, «il existe aussi des risques plus rares mais plus graves comme des pancréatites aigües, qui peuvent survenir même à doses faibles, des troubles biliaires, de rares cas de constipation sévère qui peuvent conduire à l’obstruction intestinale», relève-t-il, pointant aussi un «risque accru de cancer de la thyroïde» après plusieurs années de traitement.

Risque-t-on un nouveau scandale sanitaire comme celui du Mediator ? «On a plus de recul sur cette classe pharmacologique», rassure le Pr Faillie. Toutefois, si les risques du sémaglutide sont «maîtrisés» au vu des bénéfices dans le diabète, «il y a toujours des incertitudes, notamment chez les patients obèses sur le long terme». «Si on l’utilise pour perdre quelques kilos, là le bénéfice thérapeutique est nul, c’est juste de l’esthétique, alors que les risques sont toujours présents», met-il en garde.

(AFP)

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