Genève: L'entreprise sociale PRO a 60 places de travail à pourvoir

Publié

GenèveLe mystère des soixante places de travail vacantes

L’entreprise sociale PRO, qui propose des emplois adaptés aux bénéficiaires AI, a de la difficulté à recruter.

L’entreprise PRO, installée dans le tout neuf espace Tourbillon de Plan-les-Ouates, dispose d’un très grand nombre d’ateliers.

L’entreprise PRO, installée dans le tout neuf espace Tourbillon de Plan-les-Ouates, dispose d’un très grand nombre d’ateliers.

PRO

«Nous avons 60 places de travail disponibles. C’est vraiment dommage. Je pense que l’information n’arrive pas jusqu’aux candidats.» L’étonnant constat est d’Ivan Haro, qui dirige PRO. Cette entreprise sociale se dédie à l’emploi adapté pour les personnes à l’assurance-invalidité (AI), notamment. Comme les autres EPH genevois (Etablissements accueillant des personnes handicapées), elle peine à recruter. «C’est récent. Depuis le Covid, c’est plus difficile», observe Ivan Haro, sans réellement se l’expliquer.

Nichée dans le rutilant espace Tourbillon (Plan-les-Ouates), PRO emploie 630 collaborateurs, dont 280 à l’AI, 60 emplois de solidarité et 60 apprentis touchés dans leur santé. Industrie, artisanat, restauration, administratif: le panel de métiers est immense. Et y accéder est aisé. «On organise des visites. Si le candidat est intéressé, il fait un stage pour trouver une activité en lien avec son expérience, ses compétences, ses envies. S’il est satisfait, on le recrute», expose Ivan Haro. Aucun taux d’activité minimal n’est requis. «On s’adapte au rythme de chacun.»

Mais rien à voir avec de la charité. «Notre culture, c’est l’amélioration, la satisfaction du client et le bien-être au travail: quand on se sent bien, on fait du meilleur travail. Les employés sont accompagnés avec bienveillance, mais sans complaisance.» L’idée étant d’offrir dignité et lien social par l’activité, qui ne peut être bâclée vu le pedigree des clients, notamment des sociétés horlogères et ferroviaires ne souffrant pas l’approximation.

Un salaire qui s’ajoute à la rente AI

PRO offre des emplois adaptés aux bénéficiaires AI de tous types (handicaps physique, psychique, mental, sensoriel) exclus du premier marché. «Un maçon avec le dos cassé, par exemple, n’y est pas employable mais peut œuvrer dans un cadre ergonomisé.» Elle opère dans 60 activités et possède 800 clients publics et privés. La paie, inférieure au salaire minimum, complète la rente AI - elle n’en est pas déduite. En revanche, selon l’activité déployée, l’AI peut être amenée à terme à reconsidérer le taux d’invalidité, donc le montant de la rente.

La peine à embaucher, une exception

Hormis PRO, les autres Etablissements pour personnes handicapées ne semblent pas peiner à recruter. Leur faîtière n’a «pas eu de remontées de ce type». Ainsi, la Fondation Trajets, active dans le handicap mental et employant 130 bénéficiaires AI, annonce un taux d’occupation «proche de 100%». Mais depuis le Covid, ses listes d’attente sont «en légère baisse». Les EPI (Etablissements publics pour l’intégration) disent aussi embaucher sans mal. En 2022, leurs 388 emplois adaptés étaient pourvus à 93% (soit 27 places vacantes).

Ton opinion