Genève: Le Nant d’Avril sera bientôt renaturé et dépollué

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GenèveLe Nant d’Avril sera bientôt renaturé et dépollué

L’État et le WWF lancent la deuxième phase de la remise du cours d’eau irriguant Meyrin et Satigny dans son
état naturel.

Jérôme Faas
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Jérôme Faas
Le Nant d’Avril sera progressivement libéré de sa gangue de béton.

Le Nant d’Avril sera progressivement libéré de sa gangue de béton.

20 Minutes/jef

Genève continue à renaturer ses cours d’eau. Après la Versoix, la Seymaz et l’Aire, notamment, autant de réalisations très prisées du grand public, le Canton s’attaque au Nant d’Avril, qui traverse Meyrin et Satigny. Le projet est ambitieux: 30 millions de francs seront investis dans cette réalisation, dont l’aboutissement est prévu à l’horizon 2030.

Il s’agira, sur plus de 5 kilomètres, de procéder à des opérations classiques en pareil cas: libérer la rivière de ses gangues de béton couvertes de graffitis, remettre à l’air libre, désimperméabiliser les sols. Le chantier, très conséquent, poursuivra plusieurs objectifs, dont en premier lieu l’amélioration de la qualité de l’eau, aujourd’hui qualifiée de médiocre.

Diverses sources de pollution

C’est que la configuration particulière du Nant d’Avril, à l’intersection de la zone industrielle de Meyrin-Satigny (Zimeysa), du CERN, de terres agricoles et de denses quartiers d’habitation, lui confère à la fois des atouts et des désavantages. D’une part, il est irrigué en permanence par l’eau des systèmes de refroidissement du CERN et celle du chauffage à distance du quartier des Vergers. Contrairement aux autres cours d’eau genevois, la chaleur ne l’assèche donc pas. D’autre part et en revanche, il est très exposé à la pollution.

Les maîtres d’œuvre chercheront donc à identifier et à démêler tous les tuyaux à l’origine d’une partie de cette souillure. Le monde agricole est aussi partie prenante de cette opération. Son concours est indispensable pour réduire les rejets de produits phytosanitaires et autres pesticides dans l’eau. En contrepartie, il bénéficiera d’études d’irrigation des bassins versants, lui ouvrant à terme la possibilité d’utiliser de l’eau (dont il est très dépendant) pompée en géothermie.

Le monde agricole comblé

Par ailleurs, et c’est une différence fondamentale avec d’autres renaturations qui avaient hérissé le monde paysan, celle-ci n’empiétera pas sur la zone agricole – et ne lui soustraira donc pas de terres. «Le résultat n’aura rien à voir avec l’Aire renaturée, expose ainsi Franck Pidoux, chef du secteur renaturation de l’Office cantonal de l’eau. Là-bas, il s’agissait avant tout de régler les gros problèmes d’inondation de Lully et de protéger le secteur Praille-Acacias-Vernets. Pour y parvenir, il a fallu créer des zones de rétention et enlever des hectares de terres agricoles. Là, on ne va pas prendre 50 mètres de chaque côté du cours d’eau, et l’emprise sur la forêt sera limitée.»

«Dans ce projet, il a été fait attention à ne pas diminuer les surfaces de culture. Il est important de montrer que les agriculteurs mettent l’accent sur la biodiversité, se réjouit dès lors Marc Favre, le président d’AgriGenève. Diminuer l’usage de produits phytosanitaires est essentiel pour nous et pour l’image de nos professions.»

L’un des autres buts de cette renaturation consiste, bien sûr, à redonner une place à la faune. Yves Bourguignon, chef du secteur milieux et espèces au Service cantonal de l’agriculture et de la nature, table ainsi sur un retour de la truite dans le Nant d’Avril. «La salamandre ou la couleuvre à collier pourront aussi retrouver des habitats particulièrement intéressants. Ce sera l’un des indicateurs de réussite du projet.»

Promeneurs mieux accueillis

Les êtres humains ne seront pas oubliés. Ils bénéficieront d’un accueil amélioré, de panneaux explicatifs, de zones de délassement et d’aires de pique-nique. Pour pallier cette inévitable pression du public sur l’espace rural – phénomène encore accru par les différents épisodes de confinement –, les communes de Satigny et de Meyrin se sont engagées à encadrer les lieux avec une présence soutenue des gardes-champêtres.

Ces très gros travaux débuteront dès 2025, après une phase d’études, portant notamment sur les débits. Il s’agit de la deuxième étape de renaturation du Nant (la première, achevée en 2018, avant consisté en la remise à ciel ouvert de la partie du cours d’eau jouxtant la route du Mandement). Le projet sera copiloté par le Département du territoire et le WWF. Il est soutenu par plusieurs partenaires, dont le CERN, la Fondation pour les terrains industriels, ForêtGenève, AgriGenève, l’association des professionnels de la zone industrielle Zimeysa et les communes de Meyrin et de Satigny.

Financement électrique

La renaturation du Nant d’Avril bénéficiera du financement du fonds Vitale Environnement des Services industriels de Genève (SIG). Il est alimenté par la légère surtaxe que paient les 70’000 clients qui ont choisi de consommer l’électricité Vitale Vert, soit d’origine locale et propre. Un million par an est ainsi récolté. Il sert à soutenir des projets de préservation et de mise en valeur de l’environnement. Jusqu’à présent, il a soutenu deux cents projets de ce type.

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