CorruptionLe Pakistan fait appel à la Suisse
Le Pakistan a demandé à la Suisse de rouvrir l'enquête pour corruption à l'encontre du président pakistanais Asif Ali Zardari.

Le président pakistanais Asif Ali Zardari est soupçonné de corruption.
Le président est accusé d'avoir blanchi 13 millions de dollars de pots-de-vin. Berne n'a reçu pour l'instant aucune demande formelle en ce sens.
Cette initiative est la conséquence de l'annulation par la Cour suprême pakistanaise d'une amnistie dont avaient bénéficié des centaines de responsables politiques et entrepreneurs, dont le président Zardari. La Haute cour a ensuite ordonné à la NAB de rouvrir tous les dossiers de corruption.
«A la lumière des directives de la Cour sur la réouverture des dossiers suisses, la NAB (l'agence anti-corruption pakistanaise) a lancé le processus», a déclaré devant la Cour suprême l'avocat de la NAB, Abid Zuberi, cité par Reuters.
Pas de demande d'entraide
Selon des sources judiciaires genevoises interrogées par l'ATS, pour réactiver l'affaire, il faut que le Pakistan adresse une demande d'entraide judiciaire à Berne et qu'il existe des éléments nouveaux justifiant la réouverture du dossier.
Or l'Office fédéral de la justice (OFJ) n'a pas encore reçu de nouvelle demande d'entraide judiciaire, a déclaré à l'ATS son porte- parole Folco Galli. Le procureur général de Genève Daniel Zappelli n'a pas non plus «été saisi à l'heure actuelle d'une quelconque demande émanant des autorités pakistanaises».
«S'ils ne lèvent pas l'immunité (au Pakistan), il est impossible de procéder», a-t-il ajouté, en rappelant qu'une «immunité personnelle absolue» protégeait les chefs d'Etat en exercice. Sur le fond de l'affaire, le procureur genevois a rappelé qu'»aucun des témoins entendus dans le cadre de la procédure suisse (...) n'avait confirmé l'existence d'un acte de corruption».
Procédure classée
Le président pakistanais et son épouse, l'ex-premier ministre assassinée Benazir Bhutto, avaient été condamnés en 2003 par voie d'ordonnance à six mois de prison avec sursis pour participation à blanchiment d'argent.
Estimant que les faits n'étaient pas établis, ils avaient fait opposition et le dossier était reparti au ministère public. Après l'annonce de l'amnistie par les autorités pakistanaise, Daniel Zappelli avait classé en août 2008 la procédure concernant M. Zardari.
Dans le cadre de cette affaire, la justice genevoise avait saisi 72 millions de francs, qu'elle avait dû débloquer après l'abandon des poursuites contre le président pakistanais.
«Monsieur 10%»
Symbole de la corruption qui gangrénait le pays au point d'avoir été surnommé «Monsieur 10%», M. Zardari a passé onze années en prison, mais n'a jamais été définitivement condamné. Les affaires instruites en Suisse lui avaient valu une peine d'inéligibilité. La réouverture des dossiers l'exposerait à une contestation juridique de son élection à la présidence en 2008.
Il est actuellement protégé par son immunité présidentielle mais, selon les médias pakistanais, il a affirmé ne pas réclamer de «protection» de la Constitution.
Relations conflictuelles
Asif Ali Zardari entretient des relations conflictuelles avec le président de la Cour suprême, Iftikhar Chaudhry, limogé en 2007 par l'ancien président Pervez Musharraf.
L'actuel chef de l'Etat s'était engagé à rendre son poste à Chaudhry après son élection, mais il a ensuite affiché des réticences et ne s'y est résolu qu'en mars 2009, sous la pression d'avocats et d'opposants descendus dans la rue.
(ats)