Genève: Le placement des jeunes maltraités pose problème

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GenèveLe placement des jeunes maltraités pose problème

Les lieux prévus pour héberger enfants et ados en danger débordent. Les efforts doivent porter sur les familles d'accueil, selon la Cour des comptes.

David Ramseyer
par
David Ramseyer
PIKO / BSIP

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Piko

Il y a d'abord les constats positifs: la détection de mineurs victimes de violences à la maison est plutôt bonne et la réaction face aux situations d'urgence est rapide. Mais ensuite, l'audit dévoilé jeudi par la Cour des comptes sur les mesures de placement de ces jeunes aligne les bémols. «Le coeur du problème, c'est le manque de places dans les foyers, souligne la présidente de la Cour Isabelle Terrier. Pour y créer un appel d'air, il faut notamment encourager l'hébergement dans des familles d'accueil.»

Encadrement insuffisant

Seulement voilà, ces dernières manquent à l'appel. La crise du logement joue un rôle mais surtout, recevoir chez soi un jeune traumatisé n'est pas à la portée de tout le monde. Selon l'audit, les familles d'accueil sont peu préparées et peu soutenues. «Il faut mieux les encadrer et leur permettre de souffler», relève Isabelle Terrier.

La Cour recommande notamment la création de structures d'hébergement temporaires et l'octroi d'aides pour offrir des activités extrascolaires aux enfants recueillis, ce qui permettrait de décharger leurs parents d'adoption.

Tout en déplorant le peu de projets éducatifs adaptés aux besoins spécifiques des mineurs dans les foyers, l'audit propose plusieurs pistes pour faire face à l'insuffisance de places dans ces lieux d'accueil. Parmi elles, le développement de mesures de soutien ambulatoire afin de limiter les placements en foyer. Mais aussi la création de centres d'urgence et de structures spécialisées.

Moyens demandés

La Cour relève aussi des manques dans l'évaluation et l'encadrement des parents d'enfants maltraités. Le suivi du Service de protection des mineurs (SPMi) «ne les concerne que marginalement», note-t-elle. Enfin, la collaboration entre tous les acteurs impliqués dans le placement des enfants maltraités n'est pas optimale, conclut le rapport.

Le Département de l'instruction publique (DIP), qui chapeaute la protection de la jeunesse, dit accepter l'ensemble des recommandations. Il note que certaines mesures -l'accompagnement des familles par exemple - ont déjà été prises mais «doivent encore évoluer, admet Paola Marchesini, du secrétariat général du DIP. On avance, mais tout n'est pas résolu».

La lutte contre les violences envers les jeunes est une priorité absolue pour le Département, rappelle la fonctionnaire. «Mais cela demande aussi des moyens, que seul le Grand Conseil peut nous accorder.»

Le prix des coups

L'an passé, 1158 mineurs ont été signalés potentiellement en danger et l'Etat en a placé environ 650 dans des foyers ou des familles d'accueil. Cette dernière mesure coûte plus de 48 millions de fr. annuels au Canton. L'écart de facture entre un placement en foyer et en famille est important: la première s'établit à 100'000 par an et par jeune, tandis que le coût d'un ado hébergé dans une famille d'accueil est de moins de 20'000 fr. annuels, précise l'Etat.

Dans la majorité des cas, ces jeunes victimes de violences physiques ou/et psychiques ont été signalées par la police et l'unité mobile d'urgences sociales. Au total, Genève compte 346 places en foyer d'accueil.

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