Nations Unies Le plan américain sur l’immigration risque de saper les droits humains
Les nouvelles mesures sur l’immigration de l’administration Biden vont «à l’encontre de l’interdiction des expulsions collectives et du principe de non-refoulement», selon l’ONU.

Le plan sur l’immigration de Joe Biden, ici à la frontière américaine avec le Mexique le 8 janvier 2023, est critiqué par l’ONU.
Les nouvelles mesures américaines de contrôle des frontières risquent de porter atteinte aux droits humains fondamentaux, a mis en garde mercredi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk.
«Le droit de demander l’asile est un droit humain, indépendamment de l’origine des personnes, de leur statut migratoire ou de la manière dont ils sont arrivés à la frontière», a indiqué Volker Türk dans une déclaration, soulignant que ces mesures allaient «à l’encontre de l’interdiction des expulsions collectives et du principe de non-refoulement.»
Record d’arrestations
La Maison-Blanche a annoncé jeudi dernier de «nouvelles conséquences» pour les migrants qui franchiront illégalement la frontière: les États-Unis auront plus souvent recours à des expulsions immédiates, assorties d’une interdiction de nouvelle entrée sur le territoire pendant cinq ans.
Plus de 230’000 arrestations ont encore été enregistrées en novembre à la frontière Sud des Etats-Unis, un niveau record.
Refoulements facilités
Jusqu’à 30’000 migrants qualifiés seront autorisés chaque mois à entrer aux États-Unis en provenance de Cuba, Haïti, du Nicaragua et du Venezuela, mais ils devront arriver par avion pour ne pas ajouter à la charge de travail des gardes-frontières au sol.
En revanche, ceux qui franchiront illégalement la frontière seront plus facilement refoulés, selon la Maison-Blanche. «Cela va élargir et accélérer les voies légales d’immigration mais entraîner des conséquences nouvelles pour ceux qui ne les utilisent pas», a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Système au bord de la rupture
De larges pans de l’économie américaine, notamment dans l’agriculture, dépendent de la main-d'œuvre immigrée, mais le système migratoire est au bord de la rupture. Les migrants, soucieux d’échapper à la pauvreté ou à la violence dans leurs pays d’origine, prennent souvent d’énormes risques pour entrer sur le sol américain.
Plus de 800 personnes sont mortes lors de l’année fiscale, en grande partie noyées dans le fleuve Rio Grande, selon un responsable des gardes-frontières cité par la radio américaine NPR.
Discrétion de Biden
Face aux critiques constantes de son opposition, mais aussi des associations de défenseurs des migrants, le président américain Joe Biden était jusqu’ici resté plutôt discret.
Son administration s’est contentée de renvoyer les migrants vers le Mexique en s’appuyant sur une mesure mise en place par son prédécesseur républicain Donald Trump pendant la pandémie. Cette mesure, baptisée «Title 42», fait l’objet d’une intense guérilla judiciaire dont l’épilogue sera connu en juin à la Cour suprême des États-Unis.
«Le Title 42 a déjà été utilisé par les autorités américaines responsables de l’immigration quelque 2,5 millions de fois à la frontière Sud afin d’expulser des gens vers le Mexique ou vers leur pays d’origine sans que leurs besoins en matière de protection n’aient été étudiés sur une base individuelle et sans qu’une procédure n’ait été suivie en bonne et due forme», a fait valoir le Haut commissariat de l’ONU aux droits humains.
Joe Biden n’est pas le premier président à buter sur cette question épineuse qui dépend pour beaucoup des conditions dans les pays d’origine et se heurte à des positions difficilement conciliables entre démocrates et républicains.
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