LondresLe plan secret de la Russie pour faire évader Assange
Selon le «Guardian», le fondateur de WikiLeaks devait s'enfuir de l'ambassade d'Equateur à Londres le 24 décembre 2017, avec l'aide du Kremlin. Jugé trop risqué, le plan a été abandonné.
- par
- joc
La Russie a envisagé d'exfiltrer Julian Assange hors de l'ambassade d'Equateur à Londres. Le «Guardian» explique que des diplomates russes ont eu des rendez-vous secrets avec des membres de l'entourage du fondateur de WikiLeaks afin d'évaluer la faisabilité du projet. L'idée était de faire discrètement sortir Assange de l'ambassade dans un véhicule diplomatique puis de l'emmener dans un autre pays. Il s'agissait ensuite de faire entrer l'homme de 47 ans en Russie, où il ne risquait pas l'extradition vers les Etats-Unis.
L'opération devait être menée le soir du 24 décembre 2017, mais elle a été abandonnée car jugée trop risquée. Les détails de ce plan restent flous. Selon deux sources proches de l'ambassade d'Equateur à Londres, c'est Fidel Narvaez, un proche de Julian Assange, qui servait de point de contact avec Moscou. Interrogé par le «Guardian», l'homme réfute toute implication dans ce plan. Il admet avoir visité à deux reprises l'ambassade de Russie à Londres cette année mais précise qu'il faisait partie d'un groupe de «20-30 diplomates de différents pays» et qu'il s'agissait de «rencontres ouvertes au public». Il était notamment prévu de fournir à Assange des papiers diplomatiques qui auraient permis à l'Equateur de faire valoir l'immunité de son protégé.
Fuir vers l'Equateur en bateau
Quatre sources différentes affirment que Moscou était prêt à participer à cette évasion et à accueillir Assange. Un mystérieux homme d'affaires russe servait d'ailleurs d'intermédiaire dans les discussions. L'option d'envoyer le fondateur de WikiLeaks vers l'Equateur en bateau a également été envisagée. Le plan a été abandonné deux jours avant, selon le quotidien britannique. Rommy Vallejo, le chef de l'agence de renseignement équatorienne, se serait rendu à Londres autour du 15 décembre pour superviser l'opération. Il aurait quitté la capitale britannique une fois le projet enterré.
L'implication d'officiels russes dans ce projet d'évasion somme toute basique soulève de nouvelles questions quant aux liens entre Julian Assange et le Kremlin. Pour rappel, le fondateur de WikiLeaks est un personnage-clé de la vaste enquête criminelle concernant une intervention de la Russie lors de l'élection présidentielle 2016. Robert Mueller, le procureur spécial chargé de l'enquête, a lancé des poursuites judiciaires contre une dizaine d'officiers militaires du renseignement russe. Il les soupçonne d'avoir piraté des serveurs pendant la campagne et d'avoir envoyé à WikiLeaks des e-mails compromettants pour Hillary Clinton. Selon Mueller, l'ONG a publié plus de 50'000 documents volés par des espions russes. Julian Assange, lui, a toujours nié avoir reçu ces courriers depuis la Russie.