MusiqueLe Portugal remporte l'Eurovision
C'est le crooner portugais de 27 ans, Salvador Sobral, qui a gagné l'Eurovision. Une première pour le Portugal !
Le Portugal a remporté haut la main et pour la première fois l'Eurovision dans la nuit de samedi à dimanche à Kiev. Il a devancé la Bulgarie avec une ballade mélancolique tranchant avec le strass habituel du show aux 200 millions de téléspectateurs.
Salvador Sobral, crooner de 27 ans en attente d'une greffe de coeur en raison d'une sévère insuffisance cardiaque, a ému aussi bien le jury de professionnels que le public du concours avec son morceau jazzy «Amar Pelos Dois» (Aimer pour deux).
Ouvert par Israël, le spectacle était clos par la France, qui espérait son premier succès depuis Marie Myriam et «L'oiseau et l'enfant»... en 1977. La chanteuse de 28 ans interprétera Requiem, où elle a glissé quelques paroles en anglais pour tenter d'emporter le coeur du public de l'Eurovision.
Du sens
«C'est une victoire pour la musique, pour les gens qui font de la musique qui veut vraiment dire quelque chose», a réagi le jeune artiste aux longs cheveux noirs et à la barbe parsemée. «La musique, ce n'est pas un feu d'artifices, ce sont des sentiments, essayons de changer cela et de revenir à la musique car c'est ce qui compte», a-t-il ajouté.
Le Portugal devance ainsi la Bulgarie, qui a créé la surprise avec un adolescent de 17 ans né à Moscou et formé dans les télé-crochets russes, Kristian Kostov. La Moldavie complète le podium.
Salvador Sobral éclipse aussi l'autre grand favori, l'Italien Francesco Gabbani arrivé à une décevante sixième place alors qu'il séduit les bookmakers avec son entraînant «Occidentali's karma» interprété à côté d'un danseur déguisé en gorille devenue la mascotte de nombreux fans.
Le Portugal exulte
«Quand nous sommes très bons, nous sommes les meilleurs parmi les meilleurs», s'est félicité le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, cité par l'agence Lusa. Le Portugal n'avait jamais dépassé la sixième place du show européen, monument depuis 1956 des paillettes, du glamour, et pour certains du kitsch.
«Je ne sais pas si je suis un héros», a relativisé Salvador Sobral, qui n'avait pas pu participer aux répétitions du début de semaine à cause de ses problèmes de santé, devant la presse. «Je pense que le vrai héros, c'est Ronaldo», l'attaquant portugais du Real Madrid.
«Je voulais simplement chanter une belle chanson comme elle est, en portugais», a-t-il expliqué au sujet de son choix de chanter dans sa langue natale et non en anglais souvent préféré des candidats pour séduire un large public.
Le Premier ministre Antonio Costa s'est réjoui qu'«une page d'histoire (ait) été écrite en portugais ».
Tensions géopolitiques
Avec cette victoire, le Portugal succède à l'Ukraine qui était arrivée première en 2016 à l'issue d'un duel très politique avec la Russie grâce à la chanteuse Jamala et une ballade évoquant les persécutions subies à l'époque soviétique par les Tatars de Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.
Les tensions entre Moscou et Kiev s'étaient de nouveau invitées cette année dans la compétition. La candidate russe Ioulia Samoïlova, qui se déplace en fauteuil roulant, a été interdite d'entrée par les autorités ukrainiennes pour avoir chanté en Crimée. Cette décision a conduit au refus de la Russie de diffuser l'événement, et à l'exclusion du pays.
Le jeune candidat bulgare, deuxième, avait d'ailleurs fait parler de lui ces derniers jours pour s'être produit lui-aussi en Crimée après son annexion, alors qu'il participait à une émission de télévision russe. Les organisateurs ont mis en avant son âge au moment des faits, 14 ans, pour l'autoriser à participer à la finale.
Guerre en toile de fond
C'est loin d'être la première fois que l'Eurovision, disputé pour la première fois en Suisse en 1956 en pleine Guerre froide, devient chambre d'écho des rivalités nationales. A l'issue d'un duel Russie-Ukraine très politique l'an dernier, Jamala avait ramené le concours européen dans son pays avec une ballade évoquant les persécutions subies à l'époque soviétique par les Tatars de Crimée.
Pour l'Ukraine, trois ans après son virage pro-occidental, le concours constitue une vitrine de son rapprochement de l'Europe et de l'adoption de valeurs libérales. Et ce malgré la guerre qui oppose son armée à des séparatistes prorusses.
Kiev comptait, en accueillant l'Eurovision, monument du glamour et du kitsch depuis plus de 60 ans, donner une autre image que celle d'un pays ravagé depuis trois ans par une guerre qui a fait plus de 10'000 morts.
Mais samedi quatre civils ont perdu la vie près de la ligne de front dans l'Est. Ces victimes, trois femmes et un homme à Avdiïvka, près du fief rebelle de Donetsk, portent à 14 le nombre de civils et soldats ukrainiens morts depuis le début du mois dans l'Est de l'Ukraine, selon les bilans des autorités.
Sans ébranler la fête, ces pertes ont contraint le président ukrainien Petro Porochenko à annuler sa présence à la finale.
Le Portugal exulte
Dirigeants politiques, internautes et médias: le Portugal se réjouissait à l'unisson au lendemain de la victoire du chanteur Salvador Sobral. Il a offert à son pays un premier sacre à l'Eurovision samedi soir à Kiev.
«Quand nous sommes très bons, nous sommes les meilleurs parmi les meilleurs. Félicitations à Salvador Sobral», a lancé le président de la République Marcelo Rebelo de Sousa, dans un message adressé au crooner de 27 ans.
«Une page d'histoire a été écrite en portugais ce soir à l'Eurovision. Bravo Salvador! Bravo le Portugal!», s'est félicité dès samedi soir le Premier ministre Antonio Costa sur son compte Twitter.