IrlandeLe prix plancher à l'unité d’alcool divise
Ce 4 janvier, le prix unitaire minimum est entré en vigueur en Irlande. Une mesure qui divise le pays et qui risque d’avoir des répercussions en Irlande du Nord qui n’a pas adopté une telle loi.

L’Ecosse, le Pays de Galles, le Canada, la Russie et l’Australie sont les rares pays à avoir adopté un prix plancher à l'unité d’alcool.
Après des années de bataille juridique, l'Ecosse était devenue la première nation au monde à introduire un prix minimum pour l'alcool, en 2018. Le Pays de Galles lui avait emboité le pas en 2020. Ce 4 janvier, c’est au tour de l’Irlande d’embrasser cette mesure de santé publique jugée essentielle pour le gouvernement. L’objectif étant de réduire les maladies graves et les décès dû à la forte consommation d’alcool.
Peu importe le lieu de vente (supermarché, bar, restaurant…), les produits alcoolisés ne peuvent être vendus à un prix inférieur au prix minimum fixé, à savoir 10 centimes d’euro par gramme d’alcool. Ainsi, le prix d’une bouteille de vin standard reviendra au minimum à 7,40 euro, celle d’une canette de bière à 1,70 euro. Les spiritueux à 40% d'alcool (comme le Gin ou la Vodka) coûteront au moins 20,70 euros.
Le taux de mortalité baisse
Début décembre 2021, le Dr Deirdre Mongan, auteure d’un rapport sur le sujet pour le Comité irlandais de recherche en santé, avait confié à RFI.fr: «Le prix plancher augmente surtout le prix des alcools pas chers, dans les supermarchés par exemple. Or, nos recherches nous montrent que ce sont surtout les gros buveurs qui achètent de l’alcool bon marché. Dans les États canadiens où c’est appliqué, le taux de mortalité et d’hospitalisations liées à l’alcool a diminué.» Le médecin avait également précisé que «les Irlandais sont très adeptes du «binge drinking» (ndlr. pratique consistant à beaucoup boire en peu de temps)».
Si la Russie, l'Écosse, le Pays de Galles et certaines parties de l’Australie ont également adopté une telle mesure, à Berne, la question n’est pas à l’ordre du jour. Pourtant, Addiction Suisse avait déclaré en 2020 qu’«un prix minimum pour l'alcool serait intéressant» et dénoncé une politique toujours plus libérale face à la consommation d'alcool.
Une mesure qui divise
Sans surprise, cette nouvelle mesure divise l’Irlande. Les partisans estiment qu’il était temps que la loi change parce que «la boisson était trop bon marché dans les supermarchés et les magasins de quartier et qu'elle alimentait une crise pour les personnes dépendantes de l'alcool, tout en encourageant la consommation excessive d'alcool», rapporte le média en ligne «rte.ie». Les opposants, eux, crient à la «prohibition». Ils déclarent «qu’elle pénalise les personnes à faibles revenus». Ils estiment aussi «qu'il est peu probable qu'elle modifie les comportements en matière de consommation d'alcool».
Quid de l’Irlande du Nord?
Le prix plancher pourrait booster la consommation en Irlande du Nord qui n’a pas adopté une telle loi. Selon la BBC, «certains détaillants craignent qu’on assiste à un afflux de clients transfrontaliers à la recherche de boissons alcoolisées moins chères». De son côté, le directeur d'un centre de traitement de la dépendance à l'alcool (Northlands Centre) à Londonderry, estime que le prix unitaire minimum devrait être «une question qui concerne toute l'île» et l'exécutif de l'Irlande du Nord à «examiner sérieusement l'introduction d'une législation similaire».
La BBC rappelle que la consommation d'alcool en Irlande se maintient en moyenne à environ 11 litres par personne depuis 2015. En somme, l'équivalent de 116 bouteilles de vin ou de 445 pintes de bière par adulte chaque année.